"Nothing Personal - the back office of war" © Nikita Teryoshin Maquette d'un canon naval suédois Bofors 57 Mk3. Expo MSPO, Kielce, Pologne, 2016

Nothing Personal : Nikita Teryoshin photographie l’envers de la guerre

De 2016 à 2020, le photographe russe Nikita Teryoshin (né en 1986) a capturé l’univers singulier des salons organisés par les marchands d’armes. La série Nothing Personal – the back office of war nous offre ainsi un tour du monde tragi-comique, aux couleurs pop et aux flashs omniprésents. À découvrir jusqu’au 14 juillet 2024 au Festival Mesnographies.

Réception des hélicoptères militaires Airbus. Expo MSPO, Kielce, Pologne, 2016 © Nikita Teryoshin

Après un premier projet à long terme Hornless Heritage (2014-2017), centré sur l’industrie laitière en Allemagne, Nikita Teryoshin a radicalement changé son fusil d’épaule. Avec Nothing Personal – the back office of war, l’heure est plutôt aux conflits, aux images relayées par les médias et à la manière dont gouvernements et industries font de la guerre un véritable marché commercial.

Nothing Personal montre l’arrière-boutique de la guerre, qui est tout le contraire d’un champ de bataille : un terrain de jeu pour adultes avec du vin, des amuse-bouches et des armes rutilantes.

Nikita Teryoshin

C’est en tout cas ce que dépeint la série photographique de Nikita Teryoshin, avec des photographies plus ou moins mises en scène, mais qui dépeignent la guerre comme un vaste terrain de jeu pour dirigeants déconnectés du réel.

Quoi qu’il en soit, aucun visage ne se démarque : les personnes sont davantage des symboles, des incarnations (un chef d’état, un chef d’armée, un commerçant) qu’autre chose. La photographie de Nikita Teryoshin n’est pas une photographie de dénonciation, ni une photographie documentaire.

Délégation péruvienne au stand d’UkrOboronProm. Le char de combat principal Oplot-M a été proposé lors de l’exposition comme solution potentielle pour remplacer l’ancien char soviétique T 55 de l’armée péruvienne. SITDEF, Lima, Pérou, 2019 © Nikita Teryoshin

Son travail se situe quelque part entre une certaine ironie, c’est certain, et un regard résolument critique sur tout l’écosystème qui permet les guerres ; ce qu’il se passe derrière. « Back office of the war » : tout est dit dans le titre de sa série. C’est l’envers du décor qui apparaît dans ses photographies volontiers colorées voire pop, aux éclairages très puissants et frontaux. Le flash met tout en lumière, sans distinguer le beau du laid – de toute façon, c’est d’une monstruosité dont il est question dans le projet de Nikita Teryoshin, alors autant y aller franchement.  

La série The back-office of war de Nikita Teryoshin est à retrouver au Festival Mesnographies jusqu’au 14 juillet prochain. Elle avait également été mise en avant dans le n°5 de Revue Epic en 2022. Enfin, un ouvrage a été publié par les éditions Gost Books (21 x 28 cm, 182 pages, relié, 55 €) en 2024.