Nouvel album RSF 76 : Regards sur le Japon

100 photos pour la liberté de la presse

Le 76e album 100 photos pour la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF) se consacre pour la première fois au Japon. Regards sur le Japon rassemble les œuvres de 14 photographes de renom, offrant une vision inédite d’un Japon multiple et complexe, loin des clichés habituels.

La cour du sanctuaire Meiji, Tokyo, 1951. © Werner Bischof Estate/Magnum Photos

La diversité des regards artistiques

Cet album RSF se distingue par la richesse et la variété de ses contributions. Parmi les photographes présentés, on trouve des figures emblématiques telles que Henri Cartier-Bresson, Daido Moriyama, Ken Domon, Ishiuchi Miyako, et bien d’autres. Chacun d’eux apporte une perspective unique, explorant des thèmes variés et souvent contrastés.

Henri Cartier-Bresson, Funerarium Aoyama, Tokyo, 1965. Selon les rites traditionnels shinto, un service d’adieu rend un dernier hommage à l’acteur de kabuki Ichikawa Danjuro. © Fondation Henri Cartier-Bresson/Magnum Photos

Henri Cartier-Bresson, célèbre pour ses « instants décisifs », offre une vision vibrante de Tokyo, tandis que Ken Domon présente les stigmates d’Hiroshima à travers ses clichés poignants.

Daido Moriyama capture l’énergie frénétique de Tokyo, notamment dans le quartier de Shinjuku, avec des images saturées et dynamiques. Hitomi Watanabe documente les révoltes étudiantes des années 1970, offrant un point de vue rare et immersif sur ces événements historiques. Masahisa Fukase, connu pour son travail introspectif, partage des portraits intimes et obsédants de sa femme.

Derrière les barricades, 1968-1969. ©️ Hitomi Watanabe, courtesy Galerie Écho 119

L’album Regards sur le Japon propose un panorama fragmentaire mais puissant du Japon, un pays insaisissable par nature. Comme le souligne l’étymologie du mot japonais pour photographie, shashin (sha, copier ; shin, vérité), cet ouvrage rassemble quatorze « vérités » photographiques qui se répondent, se confrontent et parfois se contredisent, nous invitant à reconsidérer notre vision du Japon.

4 photographes français à l’honneur

Ce numéro de 100 photos pour la liberté de la presse met également en lumière le talent de plusieurs photographes contemporains français, dont les travaux apportent une perspective précieuse et diversifiée sur le Japon.

Tokyo, 1981. © Françoise Huguier

Françoise Huguier a photographié le Japon en 1980 et 2001, capturant des scènes loin des clichés occidentaux, photographiant la vie quotidienne, les jeunes, les amoureux, les bars, et les tatouages, souvent associés aux yakuzas. « Arrivée là-bas, je n’arrive pas à me repérer dans la ville, même avec une carte : pas de noms de rues, pas de points de repère significatifs. Je suis complètement déroutée », confie-t-elle. Elle expliquera cependant que sa « maturité photographique » a commencé au Japon.

Namahage, Ashizawa, péninsule d’Oga, préfecture d’Akita, île de Honshū. © Charles Fréger

Charles Fréger, de son côté, explore les figures rituelles masquées du Japon à travers sa série Yokainoshima. En documentant la variété extraordinaire des masques et costumes traditionnels, il nous plonge dans les fêtes et rites locaux, offrant une vision captivante de l’identité culturelle japonaise.

Julie Glassberg, attirée par les milieux underground, s’est plongée dans l’univers des dekotora (camions décorés) et a documenté cette culture unique avec un regard frais et personnel.

Pierre-Elie de Pibrac a passé plusieurs mois au Japon, entre décembre 2019 et août 2020, pour réaliser sa série Hakanai Sonzai (« Je me sens moi-même une créature éphémère »). Il y dévoile des histoires personnelles singulières, des yakuzas aux hikikomori (jeunes reclus), en passant par les survivants de Fukushima.

Un engagement pour la liberté de la presse

Chaque exemplaire vendu de Regards sur le Japon soutient directement les actions de RSF. 100 % des bénéfices financent les initiatives de l’organisation pour défendre l’indépendance et la fiabilité du journalisme dans le monde entier. Cela inclut des campagnes de mobilisation, des aides légales et matérielles, ainsi que des dispositifs de sécurité physique et numérique pour les journalistes.

Le nouveau métro, Tokyo, 1996.© Gueorgui Pinkhassov/Magnum Photos

A noter d’ailleurs que le Japon est un pays record pour la presse, avec 45 millions de journaux vendus chaque jour. Pour autant, le pays n’est qu’à la 70e place dans le classement de la liberté de la presse tenu par RSF, ce qui montre une situation complexe pour l’exercice du journalisme.

L’album inclut également des textes inédits, comme celui d’Amélie Nothomb, qui ajoute une dimension littéraire à cette exploration visuelle.

Outre les photographies, l’album met en lumière trois défenseurs de la liberté de la presse : Raif Badawi, Miroslava Breach et Ola Zaanoun, ainsi qu’un portrait sans concession de Kaïs Saïed, président de la République tunisienne. Ces sections rappellent l’importance de la liberté de la presse et les défis auxquels elle est confrontée dans le monde.

Cet album RSF Regards sur le Japon est bien plus qu’un simple album de photographies. C’est un hommage à la richesse culturelle et historique du Japon, une réflexion sur la vérité et la représentation, et un véritable soutien à la liberté de la presse.

L’album Regards sur le Japon est disponible dès le 6 juin en kiosque, sur le site de RSF, ainsi qu’à la Fnac, au tarif de 12,50 €. L’intégralité des bénéfices est reversée à RSF, afin de permettre à l’ONG de poursuivre son combat pour la liberté de la presse à travers le monde.