L’exposition Kate Barry, My Own Space présentée au Musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône n’est pas uniquement la première rétrospective consacrée à la photographe disparue en 2013. C’est aussi un voyage visuel et sensible au cœur de l’intime. L’exposition résonne d’ailleurs tout particulièrement depuis quelques jours suite au décès de Jane Birkin, la mère de Kate Barry.
De l’autre côté de l’objectif
Son enfance et adolescence passées sous le regard des médias lui auront certainement inculqué une attention précise à l’esthétique mais aussi ce goût farouche pour le secret et l’intimité. D’abord plus habituée à faire face à l’objectif, la jeune femme fait peu à peu de la photographie son espace personnel, un refuge.
Autodidacte à partir de 1996 – elle a 32 ans – l’artiste est d’abord et longtemps photographe de mode ou de commandes. On lui doit les célèbres campagnes mères-filles pour la marque Comptoir des Cotonniers – des images iconiques dans l’esprit du clan Birkin.
Peu à peu, Kate Barry laisse place à sa sensibilité personnelle. En 2009, elle se rend au marché de Rungis à l’occasion des 40 ans du lieu pour y capturer le portrait des Gueules de Rungis.
Ses prochaines séries lui permettront doucement de s’échapper du monde de la mode (auquel elle se destinait en tant que styliste) mais aussi de la surmédiatisation de sa famille. Elle est aussi la fille du compositeur John Barry et la nièce du photographe Andrew Birkin (récemment exposé à Nice par la galerie de l’Instant). Loin de renier ses proches, elle fait d’eux ses premiers modèles.
Portraits et paysages à fleur de peau
De 2002 à 2008, Kate Barry s’adonne à la photographie de paysage où sa sensibilité trouvera matière à se déployer. Un cadrage reconnaissable à sa ligne d’horizon haute donne toute sa place au paysage, et ancre à la fois le décor et la présence de celle qui se tient derrière l’appareil. Au gré de voyages personnels, ses images deviennent plus introspectives, ses doutes, ses silences, ses interrogations semblent s’y inscrire.
Sa production s’aventure aussi bien vers le noir et blanc que vers la couleur. Cimetières, sous-bois abandonnés au détritus, décors urbains où la nature reprend lentement ses droits … Dans ses clichés se lit une certaine mélancolie allant parfois jusqu’à l’instauration d’ambiances pesantes, mais aussi des vides et des jeux de lumière diaphanes contribuant à la narration et au dramatisme.
En 2021, la famille de la photographe, héritière de ses œuvres, offrait au Musée Nicéphore Niépce le fonds Kate Barry soit l’intégralité des négatifs, fichiers et planches contact de la photographe ainsi qu’une sélection de tirages. Première rétrospective à lui être consacrée, My Own Space permet au public d’apprécier l’œuvre sensible, complexe et poétique de Kate Barry. Un livre publié en septembre prochain aux éditions La Martinière accompagnera l’exposition s’achevant le 17 septembre 2023.
Informations pratiques :
Kate Barry, My Own Space
Musée Nicéphore Niépce
Du 17 juin au 17 septembre 2023
28 quai des messageries, 71100 Chalon-sur-Saône
Tous les jours, sauf le mardi. De 9h30 à 11h45 et de 14h à 17h45 de septembre à juin. De 10h à 13h et de 14h à 18h en juillet et août.
Entrée libre et gratuite
