La Fondation Manuel Rivera-Ortiz (Arles) consacre son exposition de printemps à Gilles Massot, artiste pluridisciplinaire à la croisée de la danse, du dessin, de la sculpture et de la photographie. L’espace entre les choses se présente comme une grande rétrospective sur son travail, et plus particulièrement sur la manière dont il conçoit image à travers ses rencontres, ses voyages et ses expérimentations esthétiques.

Gilles Massot se définit couramment comme un flâneur, quelqu’un qui se promène pour laisser cours à son imagination, le temps que les éléments qu’il rencontre lui deviennent intelligibles. Ce positionnement pourrait (presque) être réducteur, tant l’artiste a livré au fil des années une œuvre diverse, exigeante et dense, où tous les médiums sont au service de ce qu’il veut exprimer.
C’est en cela qu’il est souvent considéré comme un précurseur dans la conception de l’image en tant qu’image : pour lui, la photographie n’est qu’une étape dans l’ensemble de sa pratique et dans l’élaboration d’une création artistique.


C’est indéniable, ses images sont teintées de ses études en architecture. Façades créées de toutes pièces, ses collages se distinguent par leur rigueur. C’est ainsi qu’il décrit sa routine : partir en vadrouille le matin pour prendre ses photos, réaliser les collages et peintures sur photos l’après-midi. En intervenant directement sur ses photographies, l’artiste trouble le rapport à la réalité, fait ressortir sciemment un élément de son image pour nous y amener.

Après ses études en photographie et en architecte, l’artiste s’installe à Singapour en 1981. La ville devient rapidement l’élément central de ses œuvres, une véritable toile de fond pour ses sujets de prédilection. Avec « Les Anges passent », il a immortalisé la prostitution dans un quartier en pleine phase d’embourgeoisement, dernières traces d’un mode de vie en voie de disparition.

Encore une fois, il n’a pas voulu photographier directement la vie de ce quartier, dans un certain voyeurisme : le projet a été l’occasion pour lui d’expérimenter pour la première fois les logiciels graphiques qui étaient alors à leurs débuts, Photoshop en tête.

L’artiste prouve encore une fois que, pour lui, toute contrainte est un moyen de dépasser ses propres conceptions de sa pratique artistique, toujours à la recherche de quelque chose de nouveau, d’une nouvelle manière de s’exprimer artistiquement, et de faire sens.

Informations pratiques :
Gilles Massot : l’espace entre les choses
Fondation Manuel Rivera-Ortiz
Du 4 mars au 28 mai 2023
8 rue de la Calade, Arles
Tous les jours, de 10h à 19h30
Tarif : 6 € (tarif réduit 4 €)