À l’occasion du festival de la photographie animalière et de nature de Montier-en-Der, nous avons pu tester un couple boîtier + objectif des plus intéressants : l’OM System OM-1 équipé du super télézoom Olympus M.Zuiko Digital ED 150-400 mm f/4,5 TC 1,25x IS PRO.
Cet objectif, dévoilé en novembre 2020, offre une proposition séduisante pour qui souhaite atteindre de très longues focales (une couverture équivalent 300-1000 mm en 24×36 avec le convertisseur 1,25x intégré), le tout avec un poids et un encombrement inédits. La faune sauvage de Montier-en-Der se prêtant parfaitement à l’exercice, nous l’avons pris en main afin notamment de voir ce qu’il pouvait offrir une fois monté sur l’OM-1, le dernier boîtier micro 4/3 professionnel d’OM System.
Sommaire
Olympus M.Zuiko Digital ED 150-400 mm f/4,5 TC 1,25x IS PRO : avec l’OM-1, le couple parfait ?
Dévoilé fin 2020, l’Olympus M.Zuiko Digital ED 150-400 mm f/4,5 TC 1,25x IS PRO est le zoom le plus puissant proposé par Olympus, désormais OM System. Et le début de histoire officielle remonte à janvier 2019, au moment de l’annonce du boîtier monobloc OM-D E-M1X d’Olympus.
Le défi ? Proposer une plage focale équivalent 300-800 mm en 24×36 (avec le coefficient 2x du micro 4/3) dans une compacité remarquable. Et avec quelques fonctionnalités très intéressantes comme le convertisseur interne 1,25x, qui permet de passer à une plage focale de 187,5-500 mm, soit un 375-1000 mm en équivalent plein format. A cela s’ajoute la possibilité d’ajouter les téléconvertisseurs 1,4x et 2x M.Zuiko Digital, pour une plage équivalent jusqu’à 750-2000 mm en plein format en utilisant le convertisseur intégré + le 2x.
Pour stabiliser des focales aussi longues, Olympus mise sur une stabilisation optique 2 axes, qui peut être couplée avec la stabilisation capteur des boîtiers Olympus et OM System. Une double-stabilisation notée « Sync IS » chez OM System. Le gain maximal des 8 EV selon le constructeur. De quoi photographier à main levée à des vitesses très basses, notamment grâce à son poids (plume ?) de 1,875 kg.
Côté autofocus, ce 150-400 mm f/4,5 TC 1,25x IS PRO utilise un moteur autofocus MSC (Movie and Still Compatible) pour une mise au point rapide et silencieuse en photo et en vidéo. Il est d’ailleurs compatible avec les différents modes de détection et suivi AF de l’OM-1, comme les trains, chiens, sports mécaniques, avions, et surtout oiseaux, que nous avons pu tester pendant notre prise en main.
Pour cet objectif, OM System a opté pour une formule optique dotée de 28 éléments répartis en 18 groupes, dont 1 lentille EDA de très grand diamètre, 4 lentilles Super ED, 2 lentilles ED, 2 lentilles HR et 1 lentille HD afin de réduire le flare et les aberrations chromatiques tout en offrant une haute résolution sur toute la surface de l’image. Le téléconvertisseur dispose de 7 lentilles réparties en 4 groupes. L’objectif dispose du traitement Z Coating Nano et la lentille frontale dispose d’un revêtement au fluor pour un entretien facilité.
Voici les caractéristiques techniques de l’Olympus M.Zuiko Digital ED 150-400 mm f/4,5 TC 1,25x IS PRO :
- plage focale : 150-400 mm (187,5-500 mm avec convertisseur 1,25x) soit un équivalent 300-800 mm en plein format
- angle de champ : 8.2 – 3.1°
- ouverture max : f/4,5 (f/5,6 avec téléconvertisseur 1,25x activé)
- ouverture min : f/22 (f/29 avec téléconvertisseur 1,25x activé)
- formule optique : 28 éléments répartis en 18 groupes (dont 1 lentille EDA, 4 lentilles Super ED, 2 lentilles ED, 2 lentilles HR et 1 lentille HD)
- diaphragme : circulaire à 9 lamelles
- distance minimale de mise au point : 1,3 m
- stabilisation d’image : oui, 2 axes (compatible Sync IS)
- tropicalisation : construction résistante à l’humidité, à la poussière et au gel
- grossissement max : 0,57x
- monture compatible : Micro 4/3
- mise au point : autofocus, Moteur MSC
- diamètre du filtre : ø 95 mm
- dimensions : ø 115,8 mm x 314,3 mm
- poids : 1,875 kg
Prise en main et ergonomie
Contre toute attente, l’Olympus M.Zuiko Digital ED 150-400 mm f/4,5 TC 1,25x IS PRO offre une prise en main très légère et équilibrée. En voyant sa robe blanche et ses caractéristiques techniques, on s’attendait à une optique lourde. Pourtant, à 1,875 kg, ce super télézoom joue les poids plume (compte-tenu de sa plage focale). Couplé à l’OM-1 (599 g), l’ensemble ne pèse “que” 2,474 kg. Son poids place ainsi cet objectif parmi les solutions les plus légères de sa catégorie. Le poids est également très bien réparti sur l’ensemble du fût, et l’équilibre avec un boîtier comme l’OM-1 est juste idéal.
Ainsi, il est très facile (et surtout peu fatigant) d’utiliser le super télézoom 150-400 mm d’OM System à main levée sur une durée prolongée, surtout après avoir pris en main le 600 mm de Nikon en monture Z monté sur un Z 9. C’est d’ailleurs ce que nous avons fait, puisque nous sommes allé photographier le lever des grues cendrées sur les bords du lac du Der, sans trépied, pour une plus grande mobilité.
Le poids très réduit de l’objectif Olympus M.Zuiko Digital ED 150-400 mm f/4,5 TC 1,25x IS PRO est rendu possible par plusieurs choix : un châssis en alliage de magnésium, combiné à un grand usage de plastique renforcé (plutôt que d’autres matériaux plus lourds) combiné à un pare-soleil en fibre de carbone (le camouflage n’est pas fourni, le pare-soleil est noir).
Pour autant, l’objectif est très résistant, avec également une peinture double couche qui permet de repousser les ondes infrarouges et ainsi limite l’augmentation de température à l’extérieur et à l’intérieur du fût en plein soleil. Il est d’ailleurs important de noter qu’il s’agit de la première optique M.Zuiko dotée d’un revêtement extérieur blanc.
L’objectif bénéficie également d’une certification IPX1. Sa construction tout-terrain permet ainsi de résister à l’eau, à la poussière et au gel jusqu’à -10°C. La lentille frontale dispose d’un traitement à base de fluorine pour faciliter son nettoyage.
Avec ce premier super télézoom professionnel, Olympus a opté pour de nombreuses commandes. Ainsi, sur le flanc gauche, on retrouve 5 commutateurs : AF/MF, activation ou non de la stabilisation optique, L-Fn ou Preset et activation ou non du son. Ces deux boutons concernent les boutons noirs présents entre la bague de zoom et de mise au point. Sur la position L-Fn, ils permettent de contrôler un paramètre personnalisé. Sur PRESET, ils permettent de rappeler la mise au point enregistrée avec le bouton SET présent sur la droite de l’objectif. L’option sonore permet de choisir si vous souhaitez entendre un bip lors de l’appui sur l’un des quatre boutons noirs si le commutateur PRESET est choisi, permettant de vous dire que la mise au point a bien été rappelée.
On retrouve également un commutateur permettant de limiter la plage de mise au point de l’objectif : de 1,3 m à l’infini, entre 1,3 et 6 m ou de 6 m à l’infini.
Sous ces commandes, on retrouve un collier de trépied compatible Arca-Swiss, qui est suffisamment large pour pouvoir transporter l’optique et le boîtier. Le collier ne peut être retiré de l’objectif : il permet par contre de placer son boîtier à la verticale et dispose de clics tous les 90° pour aligner facilement l’objectif à l’horizontale ou à la verticale. On notera également la présence d’un port Kensington sur le collier.
Sur le côté droit, on notera bien entendu l’une des fonctions essentielles de cette optique : le téléconvertisseur 1,25x intégré. La commande tombe directement sous le majeur, et permet ainsi de passer d’une plage de 150-400 mm à 187,5-500 mm sans quitter l’oeil du viseur, de la même façon que sur le Nikkor Z 600 mm f/4 TC VR S récemment pris en main. Il est également possible de verrouiller sa position.
Les bagues de réglages du zoom et de la mise au point disposent d’un revêtement qui facilite la préhension, même avec des gants. La bague de zoom est très souple, et le zooming se fait en interne. Juste avant l’objectif, on retrouve un liseré bleu qui rappelle l’identité de marque d’Olympus.
On notera que l’objectif ne dispose pas de solution pour placer un filtre proche du boîtier. Le diamètre de filtre de 95 mm relativement petit autorise l’usage de filtres circulaires, même si le pare-soleil réduit la maniabilité de l’ensemble – et sur ce genre d’optique, le pare-soleil est essentiel pour protéger la lentille frontale qui peut être exposée.
Pour finir, on peut vraiment dire qu’Olympus (et désormais OM System) signe un objectif aux très bonnes finitions, avec une solution à la fois compacte, légère et qui reprend l’ergonomie des super-télézooms professionnels de la concurrence.
Qualité d’image
Maintenant que le tableau est posé, attardons-nous sur la qualité d’image offerte par ce super télézoom. Durant notre prise en main, nous avons eu la chance d’être sur la digue du lac du Der au petit matin, alors que les grues cendrées, les cormorans, les grandes aigrettes et quelques cygnes et mouettes prenaient leur envol.
Voici quelques clichés réalisés avec l’Olympus M.Zuiko Digital ED 150-400 mm f/4,5 TC 1,25x IS PRO et l’OM-1. Il s’agit des JPEG sortis du boîtier, sans aucune retouche. À noter que la météo était assez peu clémente et que les images sont donc un peu sous-exposées. Vous pouvez cliquer sur les images pour les voir en meilleure qualité.
Durant cette prise en main, nous avons utilisé l’OM-1, le premier boîtier professionnel d’OM System. Clairement, ces deux-là sont faits pour s’entendre. Dans des conditions de luminosité assez difficiles, nous avons pu photographier de nombreux oiseaux en plein vol. Ainsi, en mode priorité ouverture, la vitesse et la sensibilité ISO étaient réglées de manière automatique, avec parfois quelques belles surprises, même à haut ISO.
Ainsi, l’ensemble des photos réalisées ici sont au-delà de 1600 ISO. Du bruit numérique est donc présent sur les clichés, mais on note tout de même un très bon piqué au centre comme sur les bords de l’image, dès f/4,5, que ce soit à 150 ou 400 mm. Bien sûr, un test plus approfondi permettra de dévoiler les véritables performances de cet objectif, mais ce premier contact est très prometteur.
Avec le téléconvertisseur intégré 1,25x, la qualité d’image se maintient à la focale la plus large, mais nous avons remarqué une très légère perte de piqué sur les bords à 500 mm ainsi qu’un peu de vignetage.
L’atout (ou le désavantage) du micro 4/3 est une profondeur de champ plus grande qu’avec du plein format. Ainsi, le flou d’arrière-plan – ou bokeh – bien que présent, n’est pas des plus prononcés même à 400 mm f/4,5, sauf à photographier un sujet très proche (grâce à la distance minimale de 1,3 m). Il offre cependant un détachement progressif du sujet par rapport à l’arrière-plan.
Dans l’ensemble, nous n’avons noté aucune aberration chromatique ou vignetage (sauf avec le téléconvertisseur intégré à 500 mm, et encore très léger). Ainsi, cet objectif offre une qualité d’image en parfaite adéquation avec un usage professionnel, que ce soit sur de la photographie de nature, de sport ou d’événement. Reste peut-être que son ouverture maximale à f/4,5 (f/5,3 avec le téléconvertisseur) lui fera privilégier des événements en extérieur, surtout si les sujets se déplacent rapidement.
Performances autofocus et stabilisation optique
Comme toute optique professionnelle, cet objectif doit répondre à de nombreuses attentes en termes de réactivité. Est-ce que son autofocus est suffisamment rapide pour convaincre les photographes sportifs et animaliers ? Depuis le rachat d’Olympus et la sortie de l’OM-1, le credo du haut de gamme d’OM System semble être la photographie sportive et animalière. Pour mémoire, l’OM System OM-1 se distingue en étant le 1er boîtier de la marque à être doté d’un capteur rétroéclairé et empilé, taillé pour les hautes vitesses.
Ainsi, cet objectif fonctionne parfaitement avec la rafale à 50 i/s en C-AF, ainsi que la rafale à 120 i/s en RAW avec le mode Single AF.
En termes d’autofocus, le 150-400 mm f/4,5 Pro permet de faire la mise au point sur son sujet de manière très rapide et silencieuse, avec une accroche vraiment précise.
L’optique offre ainsi des performances AF encore plus rapides que le 300 mm f/4 Pro grâce à un bloc de mise au point limité à 2 lentilles à la fois légères et compactes. Nous avons d’ailleurs été vraiment bluffé par les performances AF en basse lumière de l’OM-1 utilisé avec cet objectif. Avec le mode de détection des oiseaux, l’appareil était capable de faire la mise au point de manière quasi-systématique sur son sujet, même avec très peu de contrastes.
Le passage de la mise au point à 1,3 m vers l’infini prend environ une seconde, ce qui est très rapide. Mais l’usage du limitateur de plage de mise au point reste très utile, notamment pour photographier des sujets au loin sans être gêné par des broussailles par exemple, même si les derniers boîtiers comme l’OM-1 sont capables d’assurer le suivi même à travers un feuillage épars.
Clairement, les performances autofocus de cet objectif sont au niveau des optiques plein format professionnels que nous avons eu l’occasion de prendre en main, comme le Nikkor Z 600 mm f/4 TC VR S ou le Canon RF 400 mm f/2,8 L IS USM. Un point très important à noter, car couplé à l’OM-1 et son capteur ultra rapide, il permet à OM System de venir se frotter aux acteurs du plein format, tout en conservant une compacité inédite.
Le seul reproche que pourraient faire les habitués d’Olympus est l’absence de clutch pour passer en mise au point manuelle, qui révélait d’ailleurs une échelle de distance de mise au point. La seule façon de connaître la distance de mise au point est ainsi de regarder à travers l’EVF.
On apprécie également sa très courte distance minimale de mise au point, à seulement 1,3 m, de 150 à 400 mm et même avec le téléconvertisseur intégré activé. Il permet ainsi de bénéficier d’une rare polyvalence et de photographier des sujets à la fois très loin et très proches. Ici encore, nous avons réalisé quelques clichés rapprochés, mais avec de hauts ISO en raison d’un réglage favorisant une vitesse d’obturation rapide. Mais vous pouvez déjà vous faire une idée.
Durant notre prise en main, nous n’avons pas vraiment pu tester les performances de stabilisation, privilégiant la capture d’images d’oiseaux en mouvement à des prises de vue plus posées. Pour autant, nous avons très bien ressenti les bénéfices de stabilisation de l’image durant la visée, même à 500 mm (équivalent 1000 mm en 24×36) à main levée. Ainsi, le cadrage se fait de manière très précise. Il est d’ailleurs aussi possible d’opter pour une stabilisation capteur + électronique, notamment utile en vidéo. Un test plus poussé (et posé) permettra de vérifier ces valeurs, même si le gain de 8 stops se retrouve davantage à 150 mm qu’à 400 mm, où on gagne plutôt 6 stops.
En bref, cette première prise en main montre un comportement plus que satisfaisant. Ainsi, le 150-400 mm f/4,5 TC 1,25x IS PRO n’a pas à rougir face aux cadors du secteur, tant en termes d’autofocus que de stabilisation. Un test plus approfondi nous permettra cependant de confirmer ce premier ressenti.
Olympus M.Zuiko Digital ED 150-400 mm f/4,5 TC 1,25x IS PRO : nouvelle étape pour OM System
Bluffant. C’est tout simplement ce que nous pouvons dire au sortir de cette prise en main du premier super télézoom d’Olympus. Il permet d’obtenir un équivalent jusqu’à 300-1000 mm avec une ouverture constante f/4,5 et une très bonne qualité d’image. Cet objectif aura mis du temps à sortir, sûrement en raison du rachat d’Olympus par JIP et de la création de la nouvelle entité OM Digital Solutions. Mais maintenant qu’il est là, c’est une excellente surprise.
Couplé au dernier boîtier OM-1 d’OM System, l’Olympus M.Zuiko Digital ED 150-400 mm f/4,5 TC 1,25x IS PRO offre des performances de haute volée, tant en termes de qualité d’image que d’autofocus et de stabilisation. On est ici en présence d’une optique M.Zuiko Pro très réussie, même si un test plus poussé permettra de confirmer ces performances.
Ce nouveau duo micro 4/3 offre ainsi une solution qui pourrait séduire plus d’un professionnel de l’image qui ne souhaite pas se casser le dos pour ramener “l’image” à la maison. Il offre ainsi une option bien plus polyvalente que le 300 mm f/4 IS Pro qui représentait jusqu’ici le téléobjectif professionnel Olympus. Couplé à des téléconvertisseurs, il permettait de couvrir jusqu’à 600 mm f/8, mais sans possibilité de “dézoomer” à 150 mm si besoin.
A 7499 €, cet objectif n’est clairement pas donné, et représente 2,5x le prix de l’optique la plus chère dans le parc Olympus / OM System. Son encombrement pourra étonner les habitués au micro 4/3, mais sa rare polyvalence en fait une solution très intéressante, surtout comparée aux options en plein format. De plus, ce genre d’objectif est souvent onéreux et les photographes animaliers et sportifs – ainsi que les agences de presse – ont l’habitude de ces tarifs. Reste à voir si les utilisateurs de boîtiers micro 4/3 sauteront facilement le pas.
L’objectif est disponible chez Digit-Photo, Miss Numérique, Photo-Univers, Camara, Fnac ainsi que dans les magasins photo spécialisés.
