Pour sa saison estivale, la Galerie du Château d’Eau présente une exposition collective de douze photographes sur une thématique commune : les oiseaux. Cette exposition est réalisée en partenariat avec l’Atelier EXB/Éditions Xavier Barral dont les livres sont présentés sur promontoires tout le long du parcours. Plus qu’une thématique commune, c’est le travail éditorial initié par Xavier Barral qui rassemble ces photographes. A découvrir jusqu’au 21 août prochain.

Sous un même format, une couverture rigide et toilée, seule la couleur change pour chaque livre et, en collaboration avec l’artiste, de légères variations de maquette ou de papier. En présentant ces livres à côté des tirages, l’exposition établit un dialogue entre les différentes manières de présenter et de recevoir une image, entre tirages originaux et mise en page pour impression.
Albarrán Cabrera, Byung-Hun Min, Graciela Iturbide, Leila Jeffreys, Rinko Kawauchi, Michael Kenna, Christophe Maout, Yoshinori Mizutani, Paolo Pellegrin, Bernard Plossu, Pentti Sammallahti et Terri Weifenbach, douze photographes aux nationalités diverses et aux regards singuliers entre ici en conversation, que les volatiles prennent consciemment ou non une place importante dans leurs travaux respectifs. Le plumage, qui distingue l’oiseau des autres espèces, est tantôt discret, dans un noir et blanc qui peut être trompeur, tantôt coloré, resplendissant.
C’est cette exubérance que le photographe Yoshinori Mizutani souligne dans ses clichés volontiers inspirés de la tradition picturale japonaise ; il utilise son flash pour jouer avec les contrastes, les formes et les textures, renvoyant ses images aux confins de l’irréel.

Plus loin, dans une même salle, deux travaux photographiques complètement opposés se font face. D’un côté, les images de Leila Jeffreys, étonnantes dans la manière dont les oiseaux sont figés, non pas en vol mais bien immobiles, posant comme des modèles, sur fond blanc, ainsi personnifiés voire expressifs. De l’autre, le travail de Byung-Hun Min, où les oiseaux se devinent à peine dans ses images qui ressemblent plus à des gravures qu’à des photographies, tout en nuances de gris et de blanc cassé, des oiseaux comme des traits subtils de crayon au milieu d’espaces éthérés, entourés d’une lumière vaporeuse.


S’ils sont parfois pris en gros plan, les oiseaux deviennent des éléments constitutifs et essentiels d’un paysage à travers les photographies contemplatives de Michael Kenna ; dans ces images en pose longue et en noir et blanc, ils révèlent la géométrie d’un arbre planté dans l’eau, de cimes alignées ou d’un ciel orageux, l’occasion pour Michael Kenna de poursuivre son travail de paysagiste imprégné des peintres britanniques du XIXe siècle.

Plus proche des villes, Terri Weifenbach photographie la vie secrète des différentes espèces d’oiseaux qui peuplent sa ville, Washington D.C., images qu’on devine limitées géographiquement dans leur réalisation par les confinements successifs. Son jardin se décline sous tous les angles et toutes les saisons qui s’enchaînent naturellement, déroulant sous nos yeux tout un panel de couleurs, de la blancheur de l’hiver jusqu’aux tons fauves de l’automne… un décor de rêve pour ces oiseaux qui s’y déposent subtilement et s’en détachent dans ce jeu artistique entre flou et ultra netteté du détail.

Dans les images rondes de Christophe Maout, qui évoquent volontiers celles produites par pionniers de la photographie, l’oiseau se situe dans la ville ou dans un ciel aux nuages teintés de doré et de brun. L’oiseau est en suspens dans son vol, en solitude. C’est pendant son confinement que Christophe Maout a improvisé un dispositif curieux pour réaliser ces images rondes : l’association d’une paire de jumelles à l’appareil photo.

La tête d’affiche de cette exposition collective, c’est sans doute Bernard Plossu. D’un pays à l’autre, et depuis plus de cinquante ans, il photographie furtivement l’oiseau dans toutes ses variantes. Sous son objectif, l’hirondelle immobile avoisine les grands rapaces tournoyant en altitude. Pour ce voyageur-migrateur (c’est ainsi qu’il se définit), l’oiseau devient presque un animal totem, synonyme de liberté totale par la facilité des déplacements conférée par le vol, par la réappropriation d’un espace dans toutes ses directions.

C’est avec les mots de l’ornithologue Guilhem Lesaffre que se clôt l’exposition :
Mais ce qui, sans doute, fascine encore plus chez eux, c’est cette merveilleuse aptitude à s’élever dans les airs à leur guise, souvent avec grâce, qui ce n’est pas avec une puissance imposant le respect.
Guilhem Lesaffre
Informations pratiques :
Des oiseaux
Galerie le Château d’Eau
Du 3 juin au 21 août 2022
1, place Laganne, 31300 Toulouse
du mardi au dimanche, de 13h à 19h
Tarifs : 4 € / réduit 2,5 €