La guerre n’est pas qu’une affaire d’hommes. Les images qui nous arrivent chaque jour d’Ukraine nous le confirment : les femmes, combattantes, victimes ou témoins, sont en première ligne. Si les femmes sont souvent les grandes oubliées des conflits, il en va de même pour celles qui portent jusqu’à nous ces images : les femmes photographes de guerre.
Le musée de la Libération de Paris répare ces oublis en mettant à l’honneur le travail de 8 photographes reconnues pour leur engagement courageux du 8 mars au 31 décembre 2022.
Au fil de l’exposition, 75 années de conflits internationaux sont immortalisées. Certaines photographes comme Lee Miller ou Gerda Taro sont devenues les figures de proue d’un engagement sans faille ; malgré tout souvent demeurées dans l’ombre d’un homme. Depuis, bien d’autres ont rejoint leurs rangs pour faire reconnaitre le travail des femmes photographes de guerre.

Sommaire
Lee Miller (1907-1977)
Mannequin, muse de Man Ray : l’Américaine a eu mille vies, la plus excitante sera sans doute celle de photoreporter. Accréditée par l’US Army, Lee Miller s’envole vers l’Allemagne tout juste vaincue pour photographier l’horreur des camps ou l’appartement privé d’Hitler.

Gerda Taro (1910-1937)
La jeune photographe allemande émigrée à Paris se réinventera corps et âme en photographe de guerre. Elle se forgera une nouvelle identité et partira en 1936 accompagnée de Robert Capa (à qui nombre de ses images seront attribuées) immortaliser les affrontements entre loyalistes et républicains espagnols. Blessée, Gerda Taro est l’une des premières photographes de guerre tuée sur le front.

Catherine Leroy (1944-2006)
La photographe française disparue en 2006 a été la première à recevoir la médaille d’or Robert Capa. Bravant le danger depuis ses 21 ans, Catherine Leroy a courageusement couvert la guerre du Vietnam, allant jusqu’à être faite prisonnière en 1968. Elle rejoindra également le Liban, la Somalie ou l’Éthiopie.

Christine Spengler (1945-)
Comme la guerre, Christine Spengler se moque des frontières. Du Tchad elle rejoindra l’Irlande du Nord avant de couvrir la guerre du Vietnam. Christine Spengler a offert aux agences de presse des images inoubliables ne cessant de répéter que les femmes n’avaient pas un regard différent des hommes sur la guerre. Les regards des femmes et enfants de ses portraits hantent quant à eux nos mémoires.

Françoise Demulder (1947-2008)
Ancienne mannequin, Françoise Demulder passe vite de l’autre côté de l’appareil, engagée par l’agence Gamma pour photographier la guerre du Vietnam puis l’horreur du Cambodge, de l’Angola, du Liban puis d’Irak. Elle devient en 1977 la première femme à recevoir le World Press Award pour une image montrant le massacre de Palestiniens. Jamais de mises en scène ni de photos volées, seulement la justesse de la vérité imprimée sur sa pellicule.

Susan Meiselas (1948-)
Les images de la photographe américaine documentèrent les conflits d’Amérique centrale, du Salvador au Nicaragua. La photographe membre de l’agence Magnum (dont elle est aujourd’hui présidente) a elle aussi été récompensée d’une médaille d’or Robert Capa en 1979. Susan Meiselas a fait usage du noir et blanc comme de la couleur en abordant dans sa photographie la question de l’identité culturelle comme celle des droits de l’homme.

Carolyn Cole (1961-)
Reporter de guerre au Kosovo, la photographe américaine rejoint ensuite le front afghan puis Haïti et l’Irak. En 2004, Carolyn Cole se voit décerner un prix Pulitzer récompensant son travail au Libéria et son photoreportage du siège de la capitale Monrovia.

Anja Niedringhaus (1965-2014)
Anja Niedringhaus a été la première femme engagée par l’European Pressphoto Agency en 1990. Depuis, la photographe allemande a bravé le danger de la Yougoslavie, en Irak puis en Lybie. Tuée en 2014 lors d’affrontements en Afghanistan, Anja Niedringhaus prouve, s’il le fallait encore, que la profession n’est pas épargnée lors des combats et que le courage n’a pas de genre.

Y-a-til une photographie de guerre féminine ?
Toutes ces photographes ont contribué à témoigner de la vérité des conflits et à en forger nos représentations. S’il y a des femmes photographes, il n’y a peut-être pas de photographie féminine. Leurs images s’attachent aussi à montrer la brutalité des conflits, la vérité de la mort. Ce sont malgré tout souvent les seules à avoir un accès privilégié à l’intimité des familles et à ramener de ces zones déchirées des portraits plus intimes.
Comme leurs confrères masculins, ces photographes portent toutes un regard singulier sur ce qui se joue devant elles, proposant leur écriture photographique unique. Pour les besoins de la presse, recadrage et choix éditoriaux prouveront aux spectateurs de l’exposition que l’image prise sur le vif n’est pas toujours celle publiée.
Au musée de la Libération, près d’une centaine de documents d’archives remettent au centre de l’attention l’implication des femmes en temps de guerre, devant comme derrière l’objectif.
Informations pratiques :
Femmes photographes de guerre
Musée de la Libération
Du 8 mars au 31 décembre 2022
4 Avenue du Colonel Henri Rol-Tanguy 75014 Paris
Du mardi au dimanche, de 10h à 18h
Tarif : 8 € (tarif réduit : 6 €)
L’exposition est organisée en partenariat avec le musée du Général Leclerc, le musée Jean Moulin et le Kunstpalast de Düsseldorf.
Plus d’information et billetterie sur le site du musée. Un catalogue d’exposition est également disponible.