Boulevard Bugeaud. Depuis l' Hôtel Aletti, Alger. 1961 © Raymond Depardon/ Magnum Photos

Algérie : Raymond Depardon offre un dialogue photographique entre héritage et actualité

Le 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie approche, l’occasion pour l’Institut du Monde Arabe d’exposer un double témoignage en miroir : celui de Raymond Depardon, envoyé en reportage à 19 ans en pleine guerre, et celui de Kamel Daoud, écrivain franco-algérien né après l’indépendance de son pays. Rendez-vous du 8 février 17 juillet 2022 pour découvrir cette exposition à l’IMA.

À l’origine de l’exposition, un projet d’ouvrage proposé par la maison d’édition algérienne Barzakh qui donne lieu à cette publication à deux voix : « Son œil dans ma main, Algérie 1961-2019 ». C’est tout naturellement que le livre est édité en France par les marseillais d’Images Plurielles.

Deux portraits d’artistes d’une génération d’écart, deux époques qui se répondent. Raymond Depardon part pour la première fois en Algérie en 1961 et capture des scènes de la vie quotidienne dans un pays divisé ; il y retourne en 2019, photographie Alger et Oran, toujours en noir et blanc, et retrouve Kamel Daoud pour un échange filmé par Claudine Nougaret. Le film est à retrouver en fin d’exposition.

Kamel Daoud, Raymond Depardon. © Claudine Nougaret

En 1961, Raymond Depardon photographie une capitale de l’Algérie nouée de tensions et secouée par la présence de plus en plus marquée de l’OAS. Les images témoignent de rues étroites, de murs dressés et sans ouverture qui cachent le ciel, et, prises au téléobjectif, des scènes de confrontation entre les différents habitants Algérois. À Évian, lors des premières négociations entre la France et le FLN pour mettre fin à la guerre d’Algérie, il est l’un des rares photographes français à être accrédité. Comme toujours, Raymond Depardon se positionne en marge et photographie les coulisses.

Alger, 1961 © Raymond Depardon/ Magnum Photos

Quand Raymond Depardon retourne à Alger presque 60 ans plus tard, un autre mouvement protestataire s’empare de la capitale : depuis février 2019, une série de manifestations populaires contre le régime ont lieu toutes les semaines. C’est dans ce contexte qu’il photographie cette jeunesse qui semble traverser toute la ville, avant de partir à Oran rejoindre Kamel Daoud.

Alger, 2019 © Raymond Depardon/ Magnum Photos

Les quatre textes de Kamel Daoud se posent en reflets, marqués par les photographies qu’ils accompagnent. Des textes comme des balises auxquelles s’accrocher : ils jalonnent le récit photographique et servent de charnières aux deux époques et aux années qui les séparent. Des textes imprégnés de l’histoire franco-algérienne et de son récit en perpétuel mouvement. Des textes suspendus au fil de l’exposition, encadrés de la même manière que les photographies, d’égal à égal.

Les photos sont à retrouver dans le livre Son œil dans ma main, Algérie 1961-2019 (coédition Barzakh et Images Plurielles) disponible sur le site d’Images Plurielles ainsi qu’à la Fnac au tarif de 35 €.

Infos pratiques :
Raymond Depardon/Kamel Daoud, Son œil dans ma main, Algérie 1961-2019
Institut du Monde Arabe, Salles d’exposition temporaires
1 rue des Fossés-Saint-Bernard
75005 Paris
Du 8 février au 17 juillet 2022
Du mardi au vendredi, 10h à 18h
Les samedis, dimanches et jours fériés, de 10h à 19h
Tarif : 8 € (tarif réduit : 6 €)