C’est devenu un peu la marque de fabrique de Panasonic : proposer des boîtiers à la pointe sur le plan technologique, offrant le plus possible de fonctionnalités. Le Lumix DMC-GX8 ne déroge pas à la règle et multiplie les caractéristiques de haut vol. Le dernier né de la gamme GX, deux ans après le GX7, s’adresse donc en priorité aux experts. Nous allons voir dans ce test terrain qu’un amateur averti sera aussi comblé par ses automatismes et ses facilités en conditions de lumière difficiles.
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Un gabarit hybride assis entre deux chaises
Plutôt anguleux, looké comme un reflex des années 70-80 (comme souvent chez les hybrides), sans trop forcer le trait « vintage » non plus, le Panasonic Lumix GX8 est un peu gros (133 x 78 x 63 mm) et lourd (487g) pour un hybride (surtout en micro 4/3 : la force du format), mais reste plus compact qu’un reflex moderne. Le « cul entre deux chaises », diriez-vous ? Pas faux.
En principe, les photographes se dirigeant vers ce type de matériel (hybrides à plus de 1 000 €) sont à la recherche d’un second boîtier venant compléter leur reflex, avec une réelle recherche de compacité. Il s’agit de pouvoir l’emporter partout et tout le temps, d’être discret, d’éviter la multiplication d’objectifs. Autre usage, autre boîtier.
Pour le côté « tout-en-un », le GX8 joue fort bien son rôle grâce à son impressionnante fiche technique, mais côté compacité : on a vu mieux. Par exemple, les Sony Nex 6 et 7 ou plus récemment l’A6000, les Olympus OM-D E-M10 et E-M5 qui sont de très bonnes références ciblant les mêmes usages, à moindre coût. Mais là, on ne parle que d’usage et de dimensions.
À l’opposé, un petit boîtier reflex comme le Nikon D60 (en photo) est à peine plus volumineux. C’est surtout l’objectif (un 18-105 mm ici) qui lui fait prendre un sérieux embonpoint, et le viseur dans une moindre mesure. Mais avec un petit 50mm fixe, la comparaison sera moins facile même si le GX8 restera clairement un cran en dessous en poids et en taille.
En revanche, on ne comparera pas le GX8 avec les compacts experts comme le Sony RX100 dont le capteur, la qualité de fabrication et les fonctionnalités ne jouent pas dans la même cour. Le segment n’est pas le même.
/destination:https://www.mpb.com/fr-fr/produit/panasonic-lumix-dmc-gx8″ target= »blank » style= »flat » background= »#fc5138″ size= »7″ center= »yes » radius= »0″ rel= »nofollow »]Acheter le Panasonic DMC-GX8 nu au meilleur prixErgonomie et fabrication
La prise en main du GX8 est plutôt bonne avec un demi-grip, largement suffisant pour son poids. Les boutons et molettes sont bien placés et les crans bien dosés. On regrettera juste la position du bouton d’enregistrement vidéo (encore !) qui se retrouve sur le dessus. Le tout petit bouton rouge, très plat, étant d’ailleurs particulièrement anecdotique et pas facile à trouver en tâtonnant, l’oeil collé dans l’objectif. Clairement, il n’a pas été pensé pour cadrer dans le viseur à chaud, mais plutôt en étant posé sur un pied, à l’aide de l’écran arrière OLED (1 040 000 points).
L’écran arrière, monté sur rotule, est parfait. Idéal pour les selfies, les prises de vues acrobatiques en plongée ou en contre-plongée. Il permet aussi de protéger le LCD en le retournant. Que demander de mieux ?
Côté fabrication, on ressent tout de suite une sensation de robustesse grâce au châssis en magnésium et à des articulations qui semblent vraiment solides, au niveau du viseur et de l’écran arrière. Ce boîtier est vraiment rassurant. La fiabilité est au rendez-vous. On notera même une tropicalisation vraiment appréciable, car finalement encore assez rare pour un hybride. Mais à ce niveau de prix, c’est presque devenu indispensable.
À noter tout de même que le matériel de prêt qui nous a été confié comportait quelques traces d’usures. Des inscriptions s’effacent sur les objectifs, le métal est blanchi sur certains coins du boitier, avec même un petit accroc. Étant pour nous impossible d’estimer l’utilisation et l’attention portée à ce matériel avant nous, difficile de savoir si ces traces d’usures sont justifiées ou non. À confirmer avec le temps. Possesseurs de GX8 : n’hésitez pas à commenter cet article pour nous apporter votre éclairage.
Enfin, pas moins de 5 boutons de fonctionnalités personnalisées (« Fn ») sont disposés à tous les endroits stratégiques pour en faire une véritable machine de guerre personnelle.
Un viseur OLED de grande qualité
Un des grands avantages de ce GX8, c’est son viseur. Il couvre 100% du champ de vision avec un grandissement de 1,54x (ou 0,77x en équivalent 35 mm), soit encore mieux que le viseur d’un reflex plein format tout récent comme le Nikon D750. Après quelques jours de pratique, il s’avère vraiment précis et on se rapproche toujours un peu plus d’un vrai viseur à miroir de reflex, l’information digitale en plus, le réalisme visuel et le confort optique en moins.
Plus qu’un gadget, son articulation est vraiment appréciable. Quand on y a goûté, on a du mal à s’en passer. Que ceux qui ont déjà râlé en activant une fonction tactile non désirée, le nez glissant sur l’écran, lèvent la main ! Très pratique aussi pour faire des cadrages au ras du sol ou en contre-plongée.
Pas de flash
Oui. Pas de flash… Ni intégré ni dans la boîte. On y gagne sans doute un peu en compacité (ce n’est pas flagrant là tout de suite) et c’est vrai qu’on s’en sort très souvent sans flash avec ce GX8. Mais quand même. Ça reste un point faible face à la concurrence (Sony A6000, Olympus OM-D E-M10 et même Fujifilm X-T10) qui n’est pas passée à côté, sans sacrifier la compacité pour autant. Le lumix G7, lui, n’a pas fait l’impasse sur le flash.
Des fonctionnalités à forte valeur ajoutée
Stabilisation et gestion du bruit électronique : le duo de choc
L’argument majeur de ce GX8 semble être la double stabilisation (capteur + optique) qui fonctionne en simultané, de façon complémentaire. Panasonic annonce en effet une stabilisation 3,5 fois supérieure au précédent modèle (GX7), en grand-angle. Ce n’est pas très parlant, car c’est plutôt en zoomant qu’on commence à en ressentir le besoin, mais ça annonce déjà un gros travail sur le plan technique.
Dans les faits, c’est clairement une des premières réussites notables lorsqu’on découvre ce boîtier. Il est tout à fait envisageable de prendre des photos de nuit, dans son salon avec un éclairage plutôt « cosy » et, même à faible vitesse (avec ce que ça implique, en principe, côté flou de bougé), par exemple autour de 1/10ème de seconde. Contrairement à ce qui devrait se produire, lors de notre test (voir les clichés de la bouteille ci-dessous) les images étaient très souvent nettes et restaient largement exploitables, même en zoomant avec le 14-140 mm, même à 6400 ISO. Belle prouesse.
Le GX8 dévoilera ainsi tout son potentiel en photo de concert (sans flash bien sûr !), en intérieur lors des repas de famille, lors des mariages, de nuit en extérieur, etc..
Vidéo et photo 4K
Pour les vidéastes il s’agit-là d’un des rares boîtiers abordables à proposer un vrai 4K UHD (3840 x 2160 pixels, 25 ips, 100 Mbits/s). Entrée audio, sortie casque et niveau sonore sont de la partie. Quand on vous dit que ce Lumix est un vrai touche-à-tout… Nettement moins orienté vidéo qu’un GH4, le GX8 a tout de même de sérieux atouts pour jouer la polyvalence et s’attaquer en toute confiance à la vidéo. À vérifier sur YouTube dans une vidéo de concert réalisée en 4K, dans des conditions de lumière difficiles, pour Panasonic par Daniel Berehulak : « Rhythm Revolution in 4K by Daniel Berehulak ».
Mais la 4K fera surtout plaisir au photographe avec la possibilité de shooter en continu (à 8 Mégapixels) pour ensuite sélectionner la meilleure image du lot, la plus nette, avec la meilleure expression de visage, etc. Difficile alors de rater son coup avec un bébé hyperactif, une action sportive rapide, un animal pas coopératif…
Ces petits plus qui font la différence
Le « focus peaking » et l’assistant de mise au point manuelle sont deux fonctions vraiment intéressantes pour faire la mise au point manuellement, par exemple en condition de lumière particulièrement difficile ou dans le cas de compositions complexes ou d’effets de flou contrôlé. Avec une profondeur de champ très étroite (à grande ouverture), ces deux outils complémentaires vous aideront également à vérifier que l’élément important de votre composition (par exemple l’oeil de votre modèle) est bien net. Le « focus peaking » permet d’afficher des pixels colorés sur les zones les plus nettes de votre image tandis que l’assistant de mise au point va agrandir (zoom numérique) une zone de votre image pour vérifier avec précision sa netteté. C’est parfois mal géré sur certains boîtiers, mais le GX8 offre une expérience très fluide de ces assistances.
Un mode silencieux est également présent. Pas la peine d’en détailler le fonctionnement ou l’utilité, mais il faut avouer que c’est une option fort appréciable dans bon nombre de situations.
Nouveauté : le « Post focus » serait dorénavant disponible sur le GX8 avec la possibilité de corriger la mise au point après le déclenchement. Ajoutée à la fonction 4K photo, cette multiplicité des chances de réussir une image joue nettement en faveur des amateurs ou des experts très exigeants. Dans le futur photographique selon Panasonic, toutes nos erreurs et approximations seront pardonnées avec la possibilité de les corriger a posteriori. Un petit air de Minority Report, non ?
Réactivité
Côté réactivité, l’appareil s’en sort très bien au démarrage. C’est parfois (rarement) au niveau de l’autofocus que cela semble un peu pêcher en réactivité, quand la lumière commence à vraiment manquer ou sur un sujet manquant de contrastes. Là où un reflex comme le Canon 7D serait encore efficace. Rien de vraiment pénalisant à signaler pour autant. Rien de surprenant non plus pour un hybride, mais c’est un peu frustrant compte tenu de ses fortes capacités à shooter dans l’ombre. On n’était pas loin du sans-faute.
Nous ne citerons pas ici la flopée d’autres caractéristiques de l’engin, sa fiche technique constructeur suffira. Quelques évocations en vrac : écran tactile, Wifi, NFC, rafale à 10 images/sec, time-lapse, mode panoramique à 300°, mode MPO (3D),…
Plus que plus = trop ?
Pour un non-expert ou un photographe averti qui n’apprécie pas particulièrement de passer des heures à décortiquer la notice de son matériel, il y a erreur de casting. Pour bien utiliser le GX8 à fond il faudrait consacrer une bonne journée complète à la découverte de ses menus et prendre la peine de le configurer en détail, paramétrer les boutons de raccourcis personnalisés, les modes préréglés et le menu rapide. Sinon c’est la prise de tête garantie à fouiller dans les menus systématiquement ; à condition de se rappeler de ce qu’on avait lu et compris (si possible) il y a plusieurs semaines ou mois ! Pas gagné…
Et si trop de fonctionnalités tuaient la fluidité de l’appareil ? Avec ce type de boîtier, le photographe dispose de tellement de possibilités créatives et techniques, de menus et réglages, qu’il aura vite tendance à se noyer dans le paramétrage de son outil plutôt que de se concentrer sur ce qui fait le coeur de la photographie : le sujet, le cadre et la composition. La puissance technique, c’est le parti pris de Panasonic (et Sony). Ceux qui ne sont pas en phase avec ça iront voir du côté de chez Fujifilm ou de Leica pour les plus fortunés d’entre-vous.
Qualité des images
Panasonic a choisi d’équiper son hybride d’un capteur Live MOS 4/3 de 20,3 MP. Ce qui est largement suffisant pour de grandes impressions A3 voire A2 et des recadrages. Dans le segment des hybrides, à part les Sony A7 et quelques produits très haut de gamme, rares sont ceux qui proposent une telle définition.
La gestion du bruit électronique est assurée par le processeur spécifique de Panasonic : le Venus Engine. On constate donc forcément un lissage un peu dur au-delà de 1600 ISO quand on observe les images à 100%, surtout en Jpeg. En Raw le lissage est moindre (inexistant ?) et donc le bruit bien présent. Mais il est facile de le corriger, parfois au détriment de la netteté, avec un logiciel de traitement Raw comme Silkypix. C’est jouable sans trop de dégradations jusque 6400 ISO. Au-delà, le capteur ne tient plus vraiment la route : en Jpeg le lissage est trop prononcé et en Raw le bruit est trop visible dans les zones sombres. 6400 ISO ça laisse de quoi bien s’amuser. Surtout couplé avec la stabilisation en duo sur 6 axes.
Les aberrations chromatiques (ces franges bleutées sur les zones de fort contraste), sur les images produites à l’occasion de ce test, se sont faites assez rares ou discrètes. Très bon point.
Quelle utilisation ? Quels objectifs ?
En voyage avec un objectif (un peu) encombrant, mais polyvalent comme le Lumix G Vario 14-140mm f/3.5-5.6 OIS, c’est un bon compromis. Avec de telles caractéristiques et un objectif aussi polyvalent, allant du grand-angle au téléobjectif (équivalent 28-280mm en 24×36), vous êtes paré pour vous confronter à tous types de circonstances, des paysages aux photos animalières ou sportives, en passant par les portraits. Un véritable couteau suisse photographique. D’autant qu’il est d’un gabarit et d’un poids très contenus (265g), étonnamment presque équivalent au 12-35mm.
En photojournalisme ou en photographie de rue, sa discrétion, son ergonomie permettant tous les angles de vue et sa relative compacité en feront un excellent allié. À utiliser de préférence avec un objectif fixe « pancake » (car très étroit) comme le 14 mm f/2.5 ou le 20 mm f/1.7 (équivalent respectivement à 28 et 40 mm en 24×36), le 12-35 mm f/2.8 OIS (presque aussi encombrant que le 14-140 mm, mais bien plus précis, si vous avez les moyens : autour de 820 €) ou encore les classiques, mais moins plébiscités, 12-32 mm f/3.5-5.6 OIS et 14-42 mm f/3.5-5.6 OIS, qui restent très compacts et légers.
Le système Micro 4/3 porté par Panasonic et Olympus a le vent en poupe. Efficacité maintenant largement prouvée, grand parc d’objectifs compatibles (on peut se fournir dans le catalogue de chacune des deux marques) et réelle compacité des optiques en font un excellent choix pour un hybride. À moins de ne jurer que par les grands capteurs, mais c’est surtout justifié pour du plein-format et moins pour de l’APS-C dont la valeur ajoutée est réelle, mais plus ténue face à du Micro 4/3.
Le Panasonic DMC-GX8 : un hybride bien construit et puissant mais pas simple
Nous sommes donc plutôt emballés par ce Lumix GX8 qui prouve encore une fois la maîtrise technique de Panasonic en matière de photographie petit format (compact, bridges et hybrides). Il y a très peu de choses négatives à dire de ce boîtier et il a fallu vraiment chipoter pour sortir quelques mauvais points. Il fait d’ailleurs partie des meilleurs appareils que nous vous conseillons dans notre guide d’achat hybride.
Ceci dit, c’est sur le plan du positionnement et donc du gabarit que le GX8 pourrait faire douter un éventuel acquéreur. Pour un tarif d’environ 1 000 € (boîtier nu) ou 1 300 € (en kit avec le 14-140 mm), le GX8 représente un bel investissement. S’il semble paré à bien vieillir dans le temps, à condition qu’on le protège et qu’on s’en occupe bien, reste à savoir si ce gabarit un peu volumineux répond aux attentes et aux usages des acheteurs qui lorgneront dessus. Des photographes qui n’auront pas peur de manipuler une véritable « usine à gaz » photographique.
Enfin, la question mérite d’être posée : pour préparer le repas au coin du feu en randonnée, mieux vaut-il un couteau suisse sur-équipé ou un très bon couteau bien aiguisé ?