La tension était insoutenable. Après avoir teasé son nouveau boîtier au look retro via plusieurs vidéos courtes, Nikon a annoncé ce matin la sortie du Nikon Df, un appareil photo reflex full-frame dans un boîtier au look résolument néo-rétro qui s’inspire du mythique FM.
Depuis déjà plusieurs jours, les spécifications de l’appareil étaient apparues sur différents sites, et voici donc les caractéristiques finales de ce nouveau boîtier :
- capteur FX à 16,2 millions de pixels similaire à celui utilisé dans le D4, le vaisseau amiral de la marque
- monture Nikon F et viseur optique
- accès aux réglages ISO, vitesse, compensation d’exposition via des molettes « rétro »
- boîtier compact et tropicalisé : 144 x 110 x 67 mm pour 760 gr
- processeur Expeed 3
- rafale à 5,5 i/s
- ISO de 100 à 12800 (plage étendue de 50 à 204800)
- autofocus 39 points du D600
- pas de mode vidéo
Pour plus d’infos sur les caractéristiques, nous vous invitons à vous rendre sur le site de Nikon.
Le prix annoncé pour ce boîtier est de 2899€ TTC en kit avec le Nikkor 50mm f/1.8. La date de sortie de ce boîtier, disponible en noir ou argent, est courant novembre.
Maintenant, la véritable question, c’est de savoir ce qu’a voulu faire Nikon avec ce boîtier.
Sommaire
L’ergonomie
L’ergonomie du boîtier est clairement orientée rétro, avec comme on le disait plus haut des molettes apparentes permettant d’effectuer des réglages normalement relégués à l’arrière de l’appareil, ainsi qu’un écran minimaliste sur le haut du boîtier pour contrôler le niveau de batterie, la vitesse et l’exposition et le nombres de photos restantes.
Le prix
Annoncé à presque 3000 € avec un 50 mm f/1.8 (et non f/1.4), c’est cher payé pour ce boîtier. Bien entendu, comme toujours, vous me direz que cela dépend de votre utilité, si vous êtes pro ou pas, ou bien si votre compte en banque est bien rempli (ou pas). Mais ce qui est sûr, c’est que le côté rétro a un coût, et qu’il faut être prêt à l’accepter pour passer à la caisse. Il y a forcément un public cible pour ce type de produit, car Nikon n’aurait pas sauté à l’eau comme ça, mais on se demande s’ils vont par exemple réussi à séduire certains photographes qui auraient acheté un Leica.
Quid des Nikon D800 et D610 ?
Ce boîtier a surpris de nombreuses personnes qui s’attendaient à ce que Nikon lance un appareil hybride full-frame, au look retro, mais qui tranchait net avec les Nikon D800 et Nikon D610. Ici, le boîtier pèse certes un peu moins lourd que ces derniers (760 gr contre 850 gr à 1 kg) mais reste tout de même beaucoup plus encombrant qu’un hybride haut de gamme. On peut donc se poser la question de l’intérêt de ce boîtier, si ce n’est pour son capteur qu’il emprunte au Nikon D4 et qui le rend foncièrement intéressant. Clairement, ici Nikon tente un coup en essayant de sortir un boîtier qui esthétiquement se démarque de sa gamme actuelle, mais est-ce que ce dernier va trouver une place entre le Nikon D610, D800 et D4.
Un bel objet pour faire revivre la flamme de la photographie ?
Et si l’on mettait de côté les considérations techniques pour s’arrêter quelques instants sur l’objet en tant qu’objet, et non en tant qu’outil pour réaliser quelque chose. Certes, un appareil photo doit d’abord exceller dans la fonction principale qu’on lui donne, c’est-à-dire de prendre des photos. Mais pourquoi ne pas également célébrer la beauté du produit ou son côté authentique et raffiné. Pour de nombreux photographes qui ont commencé avec des boîtiers argentiques, l’appareil était avant tout une belle pièce, un peu comme une belle montre que l’on achète non pas pour nous donner l’heure, mais parce qu’elle symbolise qui nous sommes. Le Nikon Df est peut-être (ou sûrement), selon Nikon, un appareil photo qui cherche à renouer avec la simplicité, et l’émerveillement que l’on peut avoir au toucher. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Nikon, dans ses vidéos teaser, insistait sur le bruit du déclencheur, une des seules pièces « mécaniques » qui survivent dans un monde tout numérique.
Conclusion
Voilà pour ces premières impressions. Cet appareil photo, parce que sorti par Nikon et non Leica ou Hasselblad, méritera qu’on s’y attarde un peu plus pour comprendre ce qu’il y a derrière. A noter cependant que seulement quelques jours après l’annonce de Sony de ses hybrides full-frames (A7 disponible à moitié prix du Nikon Df), ce nouveau boîtier n’a pas fini de faire parler de lui, en bien ou en mal.