Si Lytro innove en proposant au photographe de pouvoir faire la mise au point une fois la photo prise, bien réussir la mise au point avant de déclencher est l’un des facteurs principaux de réussite pour vos photos.
Dans un précédent article, Guillaume vous a présenté le fonctionnement de la mise au point d’un point de vue théorique. Il présente les deux types d’autofocus (corrélation de phase et détection de contraste) ainsi que les différents types de mise au point automatique.
Mais s’il est important de savoir comment fonctionne les différents modes de mise au point, savoir quels collimateurs choisir est peut-être même plus important. Cet article est donc là pour vous éclairer sur les collimateurs et les différentes possibilités offertes.
Un point sur les collimateurs
Pour simplifier, un collimateur (ou point AF) est ce qui va vous permettre de choisir la zone de mise au point sur votre photo. Selon le type d’appareil, ces collimateurs sont plus ou moins nombreux et précis. Le collimateur est souvent représenté par un petit carré ou rectangle dans le viseur et le ou les collimateurs actifs durant la mise au point sont de couleur rouge.
Les collimateurs peuvent être simples, en croix ou en étoile. Le collimateur simple est soit vertical soit horizontal alors que les collimateurs en croix sont une combinaison d’un collimateur vertical et d’un collimateur horizontal. Le collimateur en étoile est quant à lui une combinaison de deux collimateurs en croix. Pour simplifier, le collimateur simple est le moins performant et le collimateur en étoile est le plus performant.
Sur les reflex d’entrée de gamme, il n’y a qu’un seul collimateur en croix qui se trouve au centre du viseur. Ce dernier accroche généralement bien mieux la mise au point que les autres collimateurs se trouvant à ses côtés. Par exemple, le Nikon D3300 dispose de 11 collimateurs avec un collimateur en croix au centre.
Sur les reflex haut de gamme, il y a souvent plusieurs dizaines de points AF avec plusieurs points en croix. Le Nikon D800 dispose ainsi de 51 points AF avec 15 points en croix ce qui lui permet d’obtenir une mise au point précise même en utilisant des collimateurs ne se situant pas au centre.
Malheureusement, les collimateurs ne couvrent généralement pas toute la surface du viseur, ce qui veut dire que la mise au point ne peut être effectuée que sur un élément qui se trouve dans la partie centrale de l’image. Les éléments en périphérie ne peuvent donc pas être « accrochés » par la mise au point, sauf en rusant, comme nous allons vous le présenter dans la suite de cet article.
De manière générale, une des différences entre un boîtier d’entrée de gamme et un boîtier professionnel est le nombre de collimateurs et leur répartition sur l’image. Plus le boîtier est perfectionné, plus vous aurez de points AF et mieux ils seront répartis pour couvrir une grande partie de l’image et vous assister durant la mise au point automatique.
Les différents modes de sélection de zone AF
Maintenant que vous en savez plus sur les collimateurs, nous allons aborder les différents modes de sélection de la zone de mise au point automatique (appelée Zone AF) qui sera utilisée lors de la prise de vue pour effectuer la mise au point.
La sélection de la zone AF peut être de quatre types :
- AF Point sélectif
- AF Zone dynamique
- AF Suivi 3D
- AF Zone automatique
Selon les constructeurs et types d’appareils, l’option est accessible via le menu ou via une combinaison de boutons.
AF Point sélectif : un point unique
C’est ce mode qui est le plus utilisé par les photographes professionnels. Avec lui, le photographe choisit manuellement le collimateur pour lequel la mise au point sera faite et c’est tout.
Ce mode est recommandé pour les sujets immobiles ou pour les photographes ayant une grande maîtrise de leur appareil.
En utilisant la technique du focus-recompose que nous présentons plus loin il permet d’obtenir d’excellents résultats.
A noter que sur certains boîtiers, il est possible de limiter volontairement le nombre de points AF, afin de pouvoir aller plus rapidement d’un point à un autre (pour par exemple « traverser » l’image.

AF Zone dynamique : un point unique accompagné de ses voisins
Tout comme le mode AF Point sélectif, le photographe choisit manuellement le collimateur pour lequel la mise au point sera faite, mais l’appareil va également utiliser certains collimateurs autour de ce point (en fonction des réglages de l’appareil : 9, 11, 21 points AF ou plus) pour s’aider dans la mise au point.
Ce mode est utile pour les sujets trop gros pour tenir un simple collimateur, ou si jamais votre sujet bouge légèrement de manière imprévisible.
AF Suivi 3D pour un suivi intelligent du sujet
Ce mode n’est pas présent sur tous les appareils mais est très utile pour la photographie sportive car il permet de suivre automatiquement le sujet derrière le point AF sélectionné.
En effet, tout comme les précédents modes, le photographe choisit son point AF et appuie sur le déclencheur à mi-course. A ce moment là, si le sujet bouge ou si le photographe recadre, l’appareil va déplacer le point AF afin de suivre le sujet précédemment « verrouillé ».
Ce mode a été mis en place par Nikon sur ses boîtiers semi-professionnels et professionnels et fait le bonheur des amateurs de sports qui ont souvent des sujets qui bougent constamment. Aujourd’hui, ce mode est d’ailleurs également disponible sur des appareils photo reflex et des hybrides plus accessibles ce qui est une très bonne chose.
AF Zone automatique
Pour terminer, voici le mode tout automatique qui ne laisse aucune liberté au photographe. Avec lui, l’appareil décide lui-même de la zone sur laquelle faire la mise au point, en essayant d’analyser l’image, les différents plans, les visages etc. Bien souvent, la mise au point est faite sur le premier plan, car c’est souvent là où se trouve le sujet d’une photo… sauf quand il ne l’est pas (premier plan flou, second plan net).
Il s’agit véritablement du mode le moins intéressant pour nous car il ne donne aucun choix ni liberté au photographe. Mais si vous ne voulez pas vous embêter ou que vous débutez, ce mode permet d’obtenir des résultats suffisants et bien meilleurs avec les derniers boîtiers qu’avec des boîtiers plus anciens.
A noter également que sur certains appareils, il existe un AF portrait qui permet de reconnaitre un visage et d’effectuer la mise au point de manière automatique sur l’un ou plusieurs de ces portraits.
Focus-recompose : la solution idéale pour faire la mise au point
Parmi les différents modes de zone AF présentés plus haut, nous avons véritablement une préférence pour l’AF sélectif. Vous pouvez bien entendu l’utiliser en cadrant puis en déplacant le point AF vers l’élément sur lequel vous voulez faire la mise au point, mais ce n’est pas comme cela que vous en tirerez pleinement profit.
En effet, en observant certains photographes, vous avez peut-être découvert chez eux un trouble obsessionnel compulsif qui les force à bouger leur appareil photo lorsqu’ils prennent des photos, vers le haut, le bas, la droite ou la gauche.
Rassurez-vous, ces photographes ne sont pas malades, mais utilisent le mode AF sélectif avec une technique que l’on appelle le Focus-recompose (faire la mise au point et recadrer, en français). Cela consiste à sélectionner un collimateur de l’appareil — souvent le point central — pour faire la mise au point sur l’élément désiré puis, tout en conservant le déclencheur à mi-course, recadrer l’image pour obtenir le cadrage final. Il n’y a ensuite plus qu’à déclencher et le tour est joué. Attention, pour que ce mode fonctionne, il faut utiliser le mode d’autofocus ponctuel (AF-S ou One Shot) de votre appareil ou le bouton AF-ON (à relire : Pourquoi le bouton AF-ON (mise au point arrière) va vous changer la vie).
Pourquoi est-ce que ces photographes utilisent cette technique du focus-recompose ? Tout simplement parce qu’elle est très simple et rapide à mettre en place (on fait toujours la mise au point avec le même collimateur) et donne généralement de très bons résultats, car le collimateur central est souvent le plus précis.
Malheureusemet, si vous avez l’habitude de photographier un objet proche et surtout à grande ouverture (f/1.8 par exemple), cette technique peut vous poser certains problèmes. En effet, le fait de faire la mise au point sur une zone puis de bouger votre boîtier change le plan de mise au point. A une distance suffisamment lointaine, cela n’est pas grave car le résultat ne changera pas énormement. Mais si vous réalisez par un exemple un portrait à f/1.4 et que vous faites la mise au point sur un oeil puis recentrez sur le portrait, il est fort possible que l’oeil ne soit plus aussi net qu’avant.
La solution dans ce type de situation ? Choisir un point AF proche de l’endroit où se trouvera votre sujet lors du cadrage final. Sur la plupart des reflex, vous pouvez facilement déplacer le point AF à l’aide du pad ou de la roue directionnelle tombant sous le pouce, parfait pour garder l’oeil dans le viseur.
Pensez bien à noter les points AF en croix sur votre appareil (précisés dans votre manuel) afin de mettre toutes les chances de votre côté. Certains photographes de portrait utilisent également le mode Live View pour zoomer et faire la mise au point de manière manuelle, mais cela ne fonctionne qu’avec un trépied pour converser votre cadrage.
Une mise au point qui patine ?
Pour terminer sur le sujet des collimateurs, nous recevons souvent des commentaires indiquant que l’appareil n’est pas capable de faire la mise au point. Dans le jargon de la photo, on dit que la mise au point « patine » et que l’AF n’arrive pas à « accrocher » son sujet.
Ce problème arrive souvent lorsque les collimateurs de l’appareil, que l’on pourrait comparer à des yeux, n’arrivent pas à voir suffisamment bien l’élément sous le collimateur pour faire la mise au point dessus. C’est notamment le cas si la zone choisie n’est pas suffisamment bien éclairée ou qu’il n’y a pas assez de contraste. Essayez par exemple de faire la mise au point sur un mur blanc et vous aurez beaucoup de mal.
La solution à ce problème, comme vous vous en doutez, c’est de photographier un élément suffisamment bien éclairé et contrasté (ou alors de passer en mode manuel et utiliser le mode Live View). Il peut aussi être intéressant d’utiliser un point AF plus performant, par exemple un point en croix.
Et vous, quels points AF utilisez-vous pour faire la mise au point ? Dites-nous tout dans les commentaires.