© Ivor Prickett pour The New York Times

Visa pour l’Image 2025 : les lauréats d’une édition courageuse et engagée

L’édition 2025 du festival Visa pour l’Image a dévoilé ses Visas d’or, bourses et prix, distinguant des photojournalistes internationaux dont le travail témoigne de la liberté de ton, de la rigueur journalistique et du courage sur les terrains les plus sensibles.

Conflits et zones de crise

Les Visa d’or News Roger Thérond et Visa d’or de la Presse Quotidienne Göksin Sipahioglu by Sipa Press ont tous deux récompensé des reportages publiés dans le New York Times. Ivor Prickett est distingué pour son travail au Soudan lors de la bataille pour Khartoum.

Le major Ashraf Elbashir, officier de l’armée soudanaise, marche le long du pont Shambat à Khartoum-Nord, qui a été détruit © Ivor Prickett pour The New York Times, lauréat 2025 du Visa d’or News Roger Thérond soutenu par Paris Match

Lauréat 2025 du Visa d’or de la Presse Quotidienne Göksin Sipahioglu by Sipa Press, Daniel Berehulak est salué pour son engagement en Syrie.

A la recherche de traces de proches disparus dans la prison de Saidnaya en périphérie de Damas. Syrie, 16 décembre 2024. © Daniel Berehulak / The New York Times – Lauréat 2025 du Visa d’or de la Presse Quotidienne Gökşin Sipahioğlu by Sipa Press

Le Visa d’or humanitaire du CICR revient à Saher Alghorra (Zuma Press) pour son reportage dans la bande de Gaza.

© Saher Alghorra / Zuma Press – Visa d’or humanitaire du Comité International de la Croix-Rouge (CICR)

Quant au Prix Françoise Demulder il accompagnera deux femmes photoreporters : Sandra Mehl, engagée sur la jeunesse en Israël-Palestine, et Daro Sulakauri, qui enquête sur le trafic systémique de nouveau-nés en Géorgie.

Nana, Mtskheta, Géorgie, 9 septembre 2025. « J’ai l’impression qu’il me manque la moitié de moi-même », confie Nana, qui croit que sa fille est toujours en vie. Elle est convaincue que les médecins lui ont menti, que son bébé n’est pas mort après la naissance, contrairement à ce qu’ils ont prétendu. Nana a accouché de sa fille en 1992. © Daro Sulakauri Lauréate 2025 de la bourse Françoise Demulder

Environnement et enjeux sociétaux

L’environnement s’impose naturellement comme un fil rouge de cette édition 2025. Le Visa d’or Magazine distingue Brent Stirton (Getty Images) pour son reportage dans le parc national des Virunga, en République démocratique du Congo, à l’occasion du centenaire du site. Cette image bouleversante d’un gorille dans les bras de son soigneur après avoir survécu à l’assassinat de sa famille est tirée de Parc national des Virunga, RDC : 100 ans de résilience.

La peur de mourir dans le regard de Ndakasi, ici avec son soigneur André Bauma du centre Senkwekwe, le seul refuge au monde pour les gorilles de montagne. Ndakasi avait survécu à l’assassinat de sa famille en 2007. Elle a passé le reste de sa vie en compagnie d’humains et d’autres gorilles orphelins. (2021) © Brent Stirton / Getty Images

Alfredo Bosco reçoit le Visa d’or de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik pour son enquête sur la crise irakienne des drogues de synthèse.

Analyse du tabac utilisé pour la chicha. Selon les autorités, les drogues de synthèse telles que le captagon sont mélangées au tabac. Erbil, Irak, 2 décembre 2024. © Alfredo Bosco/Ronin Lauréat 2025 du Visa d’or de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik

Plusieurs bourses renforcent cette thématique socio-environnementale. le Prix Carmignac du photojournalisme couronne Nicole Tung pour un projet en Asie du Sud-Est sur la pêche illégale.

Après un mois en mer, des pêcheurs philippins déchargent leurs prises de thon albacore, de thon obèse et de marlin bleu au port de pêche de la ville de General Santos, aux Philippines. 21 mai 2025. © Nicole Tung pour la Fondation Carmignac

Le Prix Camille Lepage est attribué à Matilde Gattoni pour son travail sur les conséquences du changement climatique et de la surpêche autour du lac Victoria. Quant au Prix Photo – Fondation Yves Rocher, il permettra à Ingmar Björn Nolting de poursuivre son enquête sur la crise climatique en Allemagne.

Mémoire, société et transmission

Le Visa d’or des Solidarités a distingué Jean-Louis Courtinat, saluant par cette occasion quarante années de photographie sociale.

Denis adore se peigner. Chaque matin, l’infirmière lui apporte son miroir. Institut Curie, Paris, 1990. © Jean-Louis Courtinat

Le Visa d’or d’honneur du Figaro Magazine revient à George Steinmetz pour l’ensemble de sa carrière.

Sur les hauts plateaux d’Amhara en Éthiopie en Éthiopie, à une altitude de 2 500 mètres, des villageois récoltent délicatement à la main des tiges de teff. Cette céréale hautement nutritive, l’une des premières à avoir été domestiquées, nourrit aujourd’hui quelque 50 millions de personnes dans la Corne de l’Afrique, en proie à l’insécurité alimentaire. Malgré sa résistance à la sécheresse, les rendements sont faibles. © George Steinmetz

Du côté des bourses, la Bourse Canon de la Femme Photojournaliste a été attribuée à Marion Péhée, le Prix ANI-PixTrakk à Emeline Sauser pour Refuges, et le Prix Pierre & Alexandra Boulat à Thomas Morel-Fort pour son reportage sur le fléau de l’obésité en Chine.

Nouvelles écritures et formats numériques

Le Visa d’or de l’Information numérique franceinfo récompense cette année Gaël Turine, Johnson Sabin et Milo Milfort pour Haïti, au cœur de l’enfer, diffusé par La Libre Belgique.
La Bourse Canon du documentaire vidéo court-métrage revient à Shiho Fukada pour Echoes of Little Tokyo, projet consacré à une entreprise familiale de pompes funèbres américano-japonaise à Los Angeles.

Enfin, la Bourse de la nouvelle photographie urbaine est attribuée à William Camargo, qui documente la domination d’Anaheim (Californie) par les intérêts commerciaux et le manque de représentation politique des habitants d’origine hispanique.

Avec cette édition 2025, Visa pour l’Image confirme sa capacité à embrasser la complexité du monde. Conflits, environnement, justice sociale, mémoire collective et nouvelles formes narratives s’entrelacent pour former la mosaïque de notre actualité mondiale et des regards qui s’y posent. Lauréats et lauréates, figures établies ou émergentes, rappellent que le photojournalisme reste une nécessaire arme de compréhension, d’empathie et de vérité dans un monde de plus en plus polarisé.