Torii, Study 1, Takashima, Honshu, Japan, 2002 © Michael Kenna

Haïkus d’argent, l’Asie de Michael Kenna à contempler au musée Guimet

Les cimaises du musée Guimet accueillent les tirages argentiques de Michael Kenna. Dans son objectif, les paysages d’Asie se métamorphosent en haïkus visuels empreints de sérénité. À découvrir jusqu’au 29 septembre 2025.

Michael Kenna
Seaweed Farms, Study 3, Xiapu, China, 2010 © Michael Kenna

Calligraphie photographique

La sensibilité de Michael Kenna, la sérénité, mais aussi la spiritualité qui transparaissent de ses images intemporelles lui viennent peut-être de ses années de séminaire, lorsqu’il se destinait à une carrière de prêtre. Sa vocation photographique sera pourtant plus forte que l’appel de Dieu. Dix années passées en tant que tireur attitré de la photographe Ruth Bernhard cristalliseront ce que ses études de photographie auront immiscé en lui.

1987, premier voyage au Japon. La fascination de Michael Kenna pour l’archipel est immédiate. Son écriture minimaliste, sa pratique argentique contemplative et solitaire, semble teinter ses images de la même encre que l’écriture calligraphiée ou l’estampe à l’encre de Chine. Dans ses photographies monochromes, Michael Kenna maitrise l’art de faire le vide, une épure qui sied parfaitement à la philosophie asiatique. Juste et concise, cette poésie visuelle a tout du haïku, ces 3 vers qui suffisent à émouvoir ou s’étonner.

Michael Kenna Musée Guimet
Vue de l’exposition © Nicolas Fagot

Le parallèle entre sa photographie et les arts d’Asie orientale décide le musée Guimet à construire un parcours d’exposition pensé comme un dialogue entre les tirages du photographe et les œuvres des collections.

Une exposition en 5 temps

5 chapitres mettent en parallèle les images de Michael Kenna et les objets, estampes ou planches calligraphiées de l’institution culturelle. Pour accompagner la visite et la découverte des œuvres, 8 épisodes de podcasts ont été enregistrés par Michael Kenna en partenariat avec Studio Nova.

Haïkus d'argent. L'Asie photographiée par Michael Kenna

Nature Originelle témoigne de la révérence du photographe pour les éléments, paysages aquatiques, arbres ou cimes aux silhouettes nées de la brume.

Michael Kenna
Huangshan Mountains, Study 1, Anhui, China. 2008 © Michael Kenna

Habiter le monde met en perspective l’Homme et son environnement. Si les personnages semblent absents de l’espace qu’ils domestiquent ou vénèrent, les traces de leur présence s’impriment sur le papier photo à la manière des dessins et gravures japonaises.

Entre la figuration et l’abstraction, c’est toute la délicatesse et la poésie de l’artiste qui se déploient dans le troisième volet, nommé Capturer l’invisible. Le Japon, comme la Corée, ont en commun cette volonté d’écrire l’impalpable via la forme et le vide qui l’entoure et la met en exergue.

Tirant lui-même ses épreuves, Michael Kenna les retouche parfois directement à l’encre. La fabrique de l’image permettra aux visiteurs de comprendre les procédés employés par le photographe pour faire advenir ses images.

Un thème final, consacré aux séries nées d’un retour aux mêmes motifs, lieux et sujets clôt la visite, démontrant la volupté des formes organiques saisies par l’artiste, des ramages d’un arbre à un nu artistique.

Michael Kenna
Yuanyang, Study 3, Yunnan, China, 2013 © Michael Kenna

Michael Kenna : un artiste majeur épris de la France

En novembre 2022 Michael Kenna faisait don à la France de l’intégralité de son œuvre. À ce jour, ce sont 4000 tirages qui ont rejoint les fonds nationaux. À terme, ce sont plus de 180 000 négatifs accompagnés de leurs planches contacts, près de 8 000 tirages de travail et les archives artistiques d’un demi-siècle qui constitueront l’exceptionnel fonds Michael Kenna.

Michael Kenna
Michael Kenna © Matteo Colla

Cette exposition permet au musée Guimet de rendre un hommage au continent asiatique, mais aussi à l’un de ses plus fins portraitistes. Une exposition tricolore qui s’ajoute à un inventaire de 500 expositions monographiques internationales déjà consacrées à cet artiste incontournable de la photographie contemporaine minimaliste.

Vue de l’exposition © Nicolas Fagot

La sortie d’un catalogue d’exposition bilingue coédité par le musée Guimet et Skira Paris accompagne l’évènement. L’ouvrage (176 pages, 100 images) est disponible au tarif de 35 € auprès du musée, sur le site de l’éditeur et auprès de la Fnac.

Informations pratiques :
Haïkus d’argent, L’Asie photographiée par Michael Kenna
Du 11 juin au 29 septembre
Musée Guimet, Musée national des arts asiatiques
6 places d’Iéna, 75116 Paris
Tarif plein 13 €, réduit 10 €