Le 13 juin dernier s’éteignait Agathe Gaillard à l’âge de 89 ans. Figure visionnaire et passionnée, elle fut la première, en 1975, à ouvrir à Paris une galerie entièrement consacrée à la photographie. Pour saluer son héritage, La Galerie Rouge – qui occupe toujours les murs historiques du 3 rue du Pont Louis-Philippe – lui dédie un accrochage spécial, du 18 au 27 septembre 2025.
50 ans de La Galerie Rouge
Lorsque Agathe Gaillard ouvre sa galerie en juin 1975, soutenue par son compagnon Jean-Philippe Charbonnier et ses amis photographes, la photographie n’a pas encore acquis la légitimité artistique qu’elle connaît aujourd’hui. Avec audace, elle impose ce medium comme un art à part entière, en exposant les travaux de Robert Doisneau, Édouard Boubat, Jeanloup Sieff, Hervé Guibert, Ralph Gibson ou encore Larry Clark.

Sa galerie devient rapidement un lieu pour les passionnés, où se rencontrent artistes, collectionneurs et amateurs. Avec un regard sûr, sans concessions, Agathe Gaillard a contribué à faire entrer la photographie dans les grandes collections privées et publiques.
Une exposition photo hommage
Pour ce cinquantième anniversaire de l’ouverture de la galerie et en hommage à sa fondatrice, La Galerie Rouge propose une sélection d’œuvres de photographes qu’elle a soutenus tout au long de sa carrière. Parmi eux : Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Jean-Philippe Charbonnier, Claude Batho, Édouard Boubat, Manuel Álvarez Bravo, Erica Lennard, Ralph Gibson, Sandra Eleta, Jean-Pierre Évrard, Luc Choquer, Marie-Paule Nègre ou encore Colette Urbajtel.


Cet accrochage ne prétend pas retracer toute l’histoire de la galerie, riche de centaines d’expositions entre 1975 et 2012, mais plutôt offrir un condensé de ce qui faisait sa force : un regard passionné et une fidélité sans faille envers les artistes.

Parmi les œuvres présentées figurent des images devenues iconiques, telles que Les animaux supérieurs de Robert Doisneau (1954), La piscine d’Arles de Jean-Philippe Charbonnier (1975) ou encore Elizabeth, le rêve d’Erica Lennard (1972).

Ces photographies dialoguent avec d’autres, plus intimistes, comme Le Père et ses deux fils de Luc Choquer (1987), ou Juego de piedras de Colette Urbajtel (1988).


Autant de tirages qui rappellent la diversité des écritures photographiques défendues par Agathe Gaillard : du reportage humaniste à l’expérimentation formelle, de la scène de rue à l’intimité du portrait.

Agathe Gaillard, fervente défenseure de la photographie
Née à Nîmes en 1936, Agathe Gaillard découvre la photographie en montant à Paris. Ses premières armes, elle les fait à La Hune, la mythique librairie-galerie de Saint-Germain-des-Prés, où elle se passionne pour les livres et l’image. Quelques années plus tard, en 1968, une exposition improvisée rue Mouffetard agit comme un déclic : son rôle sera de choisir, de défendre et de donner à voir les photographes.

En 1975, elle franchit un pas décisif en ouvrant sa propre galerie rue du Pont Louis-Philippe. Ce lieu, pionnier en son genre, contribuera à faire de Paris l’un des grands foyers de la photographie contemporaine.
Jusqu’à sa disparition en juin 2025, Agathe Gaillard n’aura cessé d’affirmer sa fidélité aux artistes. Sa démarche était habitée par une conviction intime, qu’elle résumait ainsi : « Les photographes ont été mes partenaires naturels, indispensables, vitaux. À travers eux, à travers leurs photographies, je cherche le secret de la vie. »
Informations pratiques :
Exposition hommage à Agathe Gaillard
La Galerie Rouge
Du 18 au 27 septembre 2025
3 rue du Pont Louis-Philippe, Paris 4e
Du mercredi au samedi de 11h à 19h
Réception le jeudi 18 septembre de 17h à 20h
Entrée libre