5120×1080 : l’ultra-panoramique qui envahit Instagram

Depuis quelques semaines, un format inhabituel intrigue et séduit les utilisateurs d’Instagram : le 5120×1080. Cette bande vidéo ultra-large, à l’apparence cinématographique, défile désormais dans les Reels et carrousels de la plateforme. Derrière ce ratio atypique, proche du cinémascope (2,39:1), se cache une nouvelle manière de capter l’attention et de raconter des histoires visuelles. Décryptage d’une tendance qui fascine autant qu’elle interroge.

Un format qui surprend

À l’heure où le flux Instagram est saturé de vidéos verticales 9:16, l’apparition d’un contenu au format ultra-large crée une rupture immédiate. Sur un écran de smartphone, une vidéo 5120×1080 n’occupe qu’une bande horizontale au centre de l’affichage, laissant de larges zones vides en haut et en bas. Cet effet de contraste attire instantanément l’œil et rappelle l’expérience du cinéma.

A l’initiative, Kanye West, qui partageait durant l’été 2025 une vidéo dont le ratio sortait de l’ordinaire :

Depuis de nombreux créateurs et marques ont publié leurs premiers contenus dans ce format. L’algorithme a joué son rôle en favorisant ces posts qui retiennent l’attention plus longtemps : intrigué, l’utilisateur s’arrête, regarde et partage.

Très vite, les hashtags #5120×1080 et #ultrawide ont fleuri, propulsant la tendance au rang de phénomène mondial.

Un terrain de jeu pour les photographes et vidéastes

Pour les créateurs d’images, ce format est une invitation à repenser leur mise en scène. Les paysages y gagnent en ampleur : montagnes, horizons marins ou skylines urbaines prennent une dimension épique. En photographie de rue, il permet de raconter une scène complète en une seule image étirée, comme un récit visuel qui se déroule sous nos yeux.

Sur Instagram, les carrousels exploitaient déjà ce principe : en découpant une image ultra-large en plusieurs tranches, on invite l’utilisateur à swiper pour découvrir progressivement l’image.

Créativité et storytelling au format cinéma

L’un des atouts majeurs du 5120×1080 est sa capacité à transformer le quotidien en cinéma. Une séquence banale filmée dans ce ratio prend un caractère évocateur, comme si elle était tirée d’un film.

Pour les photographes professionnels, cela peut devenir un laboratoire créatif. Adapter une série de clichés à ce format pousse à revoir le cadrage, à penser en horizontalité et à composer autrement. C’est aussi une opportunité de se démarquer dans un flux où la verticalité règne en maître, même si Instagram ne semble pas avoir adopté ce format vidéo, qui ne permet par exemple pas de le visualiser en plus grand en orientant son smartphone.

Quand les marques s’en mêlent

Comme souvent avec les tendances virales, les marques n’ont pas tardé à s’approprier le phénomène. Airbus, Toblerone, Oreo, McLaren ou encore Red Bull ont publié des contenus ultra-larges pour leurs campagnes, profitant de l’effet de surprise et de la connotation « cinéma » pour renforcer leur image.

Cette appropriation montre que le 5120×1080 dépasse déjà le cadre de la curiosité créative : il devient un outil marketing, pensé pour générer de l’engagement et ancrer une identité visuelle différente.

Une tendance… mais pour combien de temps ?

Aussi séduisant soit-il, ce format soulève une question récurrente sur Instagram : celle de la durabilité des tendances. Après l’effet de surprise, le risque est grand de voir l’audience se lasser si tous les contenus adoptent ce style. Ce qui aujourd’hui capte l’attention pourrait demain se fondre dans le bruit ambiant.

Pour un photographe professionnel, l’enjeu est donc de considérer le 5120×1080 comme une expérimentation créative plutôt qu’un passage obligé. Ce format peut enrichir une pratique, inspirer une nouvelle approche du récit visuel, mais il ne saurait remplacer la cohérence artistique et la singularité d’un travail de fond.