WeTransfer a provoqué un tollé sur le web en modifiant ses conditions d’utilisation pour inclure l’entraînement d’IA sur les fichiers des utilisateurs. Face à la colère des créateurs et aux accusations de dérive, la plateforme de partage de fichiers a finalement rétropédalé, clarifiant ses intentions et promettant de respecter la confidentialité des contenus.

WeTransfer : une licence abusive pour entraîner un modèle d’IA ?
WeTransfer a suscité un tollé après avoir discrètement modifié ses conditions générales d’utilisation (CGU) pour s’octroyer une licence étendue sur les fichiers des utilisateurs. L’objectif affiché : exploiter les contenus pour « améliorer ses services », y compris via des modèles d’IA pour la modération.
La clause controversée (6.3), prévue pour entrer en vigueur le 8 août 2025, autorisait la reproduction, la modification et même la création d’œuvres dérivées à partir des fichiers hébergés.
Jusqu’ici, rien d’anormal pour des CGU, qui doivent permettre à un service hébergeant des données de les répliquer entre différents serveurs, dans différents formats, même si la formulation peut parfois faire tiquer. WeTransfer évoquait cependant explicitement l’usage pour « améliorer les performances des modèles de machine learning », sans mécanisme d’opt-out et sans rémunération pour les utilisateurs.
Les réactions ont été immédiates : créatifs, photographes et professionnels ont exprimé leur colère sur les réseaux sociaux, appelant au boycott et évoquant des alternatives comme Smash ou SwissTransfer. Et il est vrai que WeTransfer est souvent utilisé pour transmettre des projets en cours, parfois confidentiels.
Rétropédalage en règle : WeTransfer s’explique
Face à la pression, WeTransfer a rapidement publié un démenti, affirmant qu’aucune IA n’était actuellement entraînée sur les fichiers et que l’usage visé se limitait à la modération automatisée. L’entreprise a reconnu que la formulation prêtait à confusion et a réécrit la clause : « Vous nous accordez par la présente une licence libre de droit nous autorisant à utiliser votre Contenu dans le but de faire fonctionner, développer et améliorer le Service, le tout conformément à notre Politique de confidentialité et de cookies.«
La nouvelle version supprime ainsi toute mention à l’IA et se contente d’une licence d’exploitation « libre de droit », dans le seul but d’opérer et d’améliorer le service, conformément à la politique de confidentialité.
« À partir de vos retours, nous avons compris qu’il pouvait être ambigu que vous conserviez la propriété et le contrôle de votre contenu […]. Nous avons également supprimé la mention de l’apprentissage automatique, car WeTransfer ne l’utilise pas en lien avec le contenu des clients, et cela a pu susciter des inquiétudes », explique l’équipe de WeTransfer.
Si ce rétropédalage apaise partiellement la fronde, l’affaire a ébranlé la confiance d’une partie des utilisateurs, qui restent vigilants face aux usages flous des données dans l’ère de l’IA.
WeTransfer avait été racheté à l’été 2024 par Bending Spoons, un éditeur italien d’applications mobiles. Ce groupe est connu pour avoir racheté Evernote fin 2022, puis Filmic Pro, Meetup et d’autres applications.