Liam Gallagher, Ziggo Dome 2020 - © Jurre Houtkamp

Oasis et clause abusive sur les droits photo : les agences boycottent la tournée du groupe

Le 4 juillet 2025, Oasis a lancé à Cardiff sa tournée de retrouvailles, attendue comme l’un des grands événements musicaux de l’année. Mais derrière la ferveur des fans, une crise oppose le groupe aux principales agences photo qui boycottent désormais les concerts pour protester contre des conditions jugées contraires à la liberté éditoriale.

Une année de droits : une clause contractuelle contestée

Le conflit repose sur une exigence inédite du management d’Oasis : récupérer la propriété des images prises par les photographes professionnels un an après leur diffusion. Une disposition que la News Media Coalition (NMC) – qui regroupe Associated Press, Getty Images, Reuters, Shutterstock et l’AFP – qualifie de « draconienne ». On notera d’ailleurs que les représentants du groupe n’ont pas donné de raisons à cette restriction.

Un article de The Guardian sur le sujet

Dans un communiqué, Andrew Moger, directeur de la NMC, insiste sur le rôle des photographes dans la production de photographies d’actualité. « Que des organisations de presse se voient dire par Oasis qu’elles ne pourraient utiliser leur propre matériel sous copyright que pendant un mois, puis pendant un an, est en contradiction avec la réalité des contenus d’information. Les agences souhaitent couvrir la tournée, de Cardiff au Brésil, mais ne pas avoir la liberté de diffuser ces informations dans le futur pèse lourdement dans la planification éditoriale. »

Les deux premières dates à Cardiff ont été couvertes, mais les agences ont annoncé qu’elles ne couvriront pas les concerts suivants à Manchester, Londres, Édimbourg et Dublin.

Visibilité réduite pour le retour d’Oasis

Même si le retour d’Oasis en concert fait la une des journaux, le boycott prive le groupe d’une couverture photo professionnelle indépendante. En cédant leurs images au groupe, les photographes perdraient la possibilité de réutiliser leur travail dans un cadre éditorial ou historique, ce qui, selon la NMC, affaiblit la mémoire collective de l’événement.

Pour Oasis, ce retrait risque d’impacter la visibilité médiatique et la présence du groupe dans les rétrospectives et les archives, au-delà de la simple communication promotionnelle.

Un précédent pour la scène musicale

Ce bras de fer illustre une tendance plus large de l’industrie musicale à contrôler strictement son image. Ces dernières années, plusieurs artistes ont tenté d’imposer des restrictions contractuelles similaires, mais rarement de façon aussi radicale. Si d’autres suivaient l’exemple d’Oasis, la tension entre musiciens et médias spécialisés pourrait s’accentuer, au détriment de la liberté de la presse et de la documentation photographique.

La tournée d’Oasis met ainsi en lumière un débat essentiel : jusqu’où un artiste peut-il contrôler son image sans compromettre le rôle documentaire et historique de la photographie ? Cette question se pose d’autant plus fortement à une époque où les images générées par IA viennent brouiller les pistes.

« Dans une ère de contenus générés par l’IA et de désinformation, le journalisme indépendant fondé sur le témoignage authentique, ce que nous appelons le journalisme de source primaire, est d’autant plus vital » résume Andrew Moger.