La Maison Européenne de la Photographie consacre une grande rétrospective à Marie-Laure de Decker (1947–2023), photoreporter engagée et figure majeure du photojournalisme. Intitulée L’Image comme Engagement, cette exposition, la première de cette ampleur, a été initiée par son fils, Pablo Saavedra de Decker. A découvrir jusqu’au 28 septembre 2025.

Une exposition intime et plurielle
Réputée pour ses reportages en zones de conflits, et son talent pour le portait de personnalités, Marie-Laure de Decker avait déjà été exposée à la MEP en 2001. À l’époque, la contribution des femmes photojournalistes restait sous-estimée ; elle y figurait aux côtés de Sir Don McCullin (aujourd’hui exposé à La Gacilly).
Marie-Laure de Decker fait aujourd’hui un retour posthume attendu au sein de l’institution culturelle à l’occasion d’une rétrospective d’envergure, à l’initiative du fils de la photographe, Pablo Saavedra de Decker.
Le fonds laissé par la photoreporter — plus de 290 tirages, films, négatifs — est présenté sur deux étages à la MEP. Enrichi d’archives familiales inédites et de pièces issues des collections de l’institution, il offre un portrait riche et nuancé d’une figure majeure du photojournalisme, au-delà des questions de genre.

Pour célébrer l’engagement au féminin, deux jeunes artistes sont exposées dans l’espace du Studio. Les installations d’Ilanit Illouz interrogent la dimension picturale du paysage photographié, tandis que la brésilienne Val Souza expose Vênus, quête historique et contemporaine de la représentation du corps féminin noir au Brésil. Deux corpus contre l’oppression que Marie-Laure de Decker aurait appréciés, elle dont la vie fut placée sous le signe de la passion et de l’engagement.

Pleinement et farouchement libre
Après un passage à l’agence Gamma, Marie-Laure de Decker mène une carrière en toute indépendance, sillonnant le monde pendant quarante ans pour documenter conflits armés et bouleversements sociopolitiques. Née en 1947 en Algérie, ayant grandi en Côte d’Ivoire, la jeune femme se dressera partout et toujours contre toutes les formes de domination.
Seule femme photographe blanche à travailler aux côtés des photographes zoulous pendant les révoltes de Soweto, Marie-Laure de Decker a également documenté la guerre du Vietnam, la lutte anti-coloniale au Tchad ou la résistance à la dictature au Chili. Sans oublier le Moyen-Orient, qu’elle arpentera du Yémen à la Jordanie au gré des soubresauts de l’époque.

Jamais où on ne l’attend, Marie-Laure de Decker a aussi excellé dans le portrait, capturant ceux de personnalités de la culture ou du monde politique. À partir des années 80, elle fera évoluer sa pratique photographique vers la mode ou le cinéma, elle qui avait quitté le mannequinat pour l’action et la photographie.


Sa capacité à mêler récit intime et Histoire, sans jamais céder au sensationnalisme, mais avec un humanisme profond, fait de chacune de ses images un témoignage rare et essentiel, justifiant pleinement cette rétrospective.


L’exposition coïncide avec la sortie d’un très bel ouvrage publié par les éditions La Martinière (45 €, 256 pages, format relié, 20,8 x 29,4 cm). Une manière autre de suivre les traces d’une femme ayant marché dans les pas d’autres pionnières du photojournalisme, de Gerda Taro à Lee Miller…
Informations pratiques :
Marie-Laure de Decker, L’Image comme Engagement
Du 4 juin au 28 septembre 2025
Maison Européenne de la Photographie
5/7 rue de Fourcy 75004 Paris
Mercredi et vendredi de 11h à 20h, nocturnes le jeudi jusqu’à 22h, le week-end de 10h à 20h
Fermé lundi et mardi
Plein tarif 13 €, tarif réduit 8 €