Alors que Robert Doisneau est à l’honneur au musée Maillol, la maison Doisneau ouvre ses portes à Harold Feinstein. L’exposition La Roue des Merveilles, à découvrir jusqu’au 1er juin à Gentilly, permet de saluer le talent du photographe américain trop peu exposé en France.

Coney Island, un monde en marge du tumulte
Né en 1931 à Coney Island, Harold Feinstein fera de cet amusement park cher aux jeunes Américains la toile de fond de ses plus belles images. Sans en faire son seul sujet, Coney Island exercera sur Harold Feinstein une attraction renouvelée durant soixante ans, sujet parfait pour immortaliser une communauté tout en frôlant l’exercice autobiographique.

À quelques miles des gratte-ciels de New York, Coney Island est aussi l’incarnation d’une vision de la société américaine, de sa soif de divertissements. Échapper à la chaleur de la ville, mais aussi à ses exigences de productivité font de la plage et des manèges légendaires de Coney Island un refuge où se retrouve bandes d’adolescents et familles de toutes classes et origines.

La promenade Riegelmann, la plage, le défilé Mermaid Parade, le Cyclone (montagne russe emblématique du parc) fédèrent celles et ceux qui ne se croiseront plus une fois la fête terminée tout en tenant à distance les nuages de la Grande Dépression, le racisme exacerbé et le maccarthysme.
Avec ses images d’apparence banale, le photographe ne saisit pas un tableau de l’American way of life. Il croque plutôt une multitude de petites histoires à échelle humaine, un portrait collectif où chaque visage est un récit en soi. À la différence d’une Diane Arbus, aux images plus inquiétantes et énigmatiques, son corpus cueille la joie et la tendresse.
Harold Feinstein, chroniqueur de l’époque
Harold Feinstein a toujours souhaité devenir photographe. À seulement dix-sept ans, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il rejoint la Photo League (groupement de photographes amateurs et professionnels engagés) et y côtoie Sid Grossman.
En 1952, refusé par l’armée pour en être le photographe officiel, il est mobilisé en Corée dans l’infanterie. Là-bas encore il ne se séparera pas de son appareil, capturant sa vie quotidienne de GI et celle de ses compagnons.

À son retour de Corée Harold Feinstein collaborera avec de talentueux musiciens de jazz avant de se tourner vers l’enseignement, continuant d’écrire à sa manière le roman américain de son temps.

Produite par le Centre de la photographie de Mougins en collaboration avec le Harold Feinstein Photography Trust, l’exposition gratuite avait d’abord été présentée en 2023 à Mougins.
Les Cahiers #6 du Centre de la photographie de Mougins rendent hommage à l’œuvre foisonnante d’Harold Feinstein. Le titre bilingue (192 pages, 29 €) disponible à la Maison Doisneau esquisse le portrait d’un photographe passionné profondément ancré dans son époque.
Informations pratiques :
Harold Feinstein, La Roue des Merveilles
Maison de la Photographie Robert Doisneau
Du 7 mars au 1er juin 2025
1 rue Division du Général Leclerc, 94250 Gentilly
Du mercredi au dimanche de 13h30 à 18h30 (19h le week-end), fermé les jours fériés
Entrée libre