Depuis le début des Jeux Olympiques de Paris, les images des compétitions affluent sur nos écrans. Et certaines d’entre elles sont particulièrement impressionnantes, tant d’un point de vue sportif… que technique. À ce titre, les replays dynamiques en 3D façon « bullet time » sont très intéressants à étudier. MUCAR, OBS Cloud, Alibaba… décryptage de la machinerie au service des JO de Paris 2024.
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L’effet « bullet time » en temps réel : une vraie prouesse technologique
En 1999, le film Matrix jetait un (énorme) pavé dans la mare grâce à ses effets visuels très novateurs – notamment un certain « bullet time ».
Un quart de siècle plus tard, ce fameux effet peut être observé lors de la diffusion des épreuves des Jeux olympiques. Une performance technologique d’autant plus bluffante qu’elle est générée quelques secondes à peine après que l’action s’est déroulée devant nos yeux.
Sur le terrain comme en backstage, c’est une véritable armada technologique qui est déployée à l’occasion des Jeux Olympiques. Découverte.
MUCAR : le futur de la vidéo de sport ?
Le « MUCAR », c’est le doux nom de cette technologie au cœur des « replays dynamiques 3D » mis en place pour les JO de Paris. Il s’agit en fait de l’acronyme de multi-camera replay system, en français « système multi-caméra de diffusion en différé ».
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Ce système, qui avait été inauguré lors des JO d’hiver de Pékin en 2022, repose sur plusieurs dizaines de caméras, disposées tout autour du terrain où se déroule l’action. Au total, pas moins de 14 sites sont équipés de cette technologie, couvrant une vingtaine de sports : saut à la perche, tennis de table, basket-ball, judo, BMX et bien plus encore.
Pour produire ces mini-séquences en 3D, les images sont envoyées directement dans le Cloud (voir plus bas). L’alignement des images des différentes caméras est effectué par une IA. C’est ainsi qu’est créée une « reconstruction spatiale en direct et un rendu 3D en temps réel ».
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L’opération ne prend que quelques secondes, et ces séquences en « bullet time » peuvent ainsi être intégrées au flux envoyé aux diffuseurs quelques minutes après le déroulement de l’action. À comparer avec les centaines d’heures nécessaires en post-production pour le même effet pour le film Matrix !
L’intérêt de cette technologie est assez facile à comprendre. En effet, ces rendus 3D façon bullet time permettent de décomposer le mouvement du sujet à un instant T. Pour les téléspectateurs, c’est une façon d’être encore davantage immergé au cœur de l’action, grâce à des angles inédits. D’autant plus que les réalisateurs peuvent décider d’appliquer un effet de zoom dans l’image (sans doute via un upscaling dans le Cloud).
Cet effet peut également être très utile pour l’arbitrage vidéo, afin de déterminer, par exemple, si la balle est sur ou devant telle ligne, ou si tel ou tel joueur a commis une action.
OBS et Alibaba : le Cloud et l’IA au service des JO
Sur le terrain comme en backstage, il est toujours intéressant d’en savoir un peu plus sur les différents protagonistes au cœur de ce déferlement de technologies.
D’une part, toutes les images des JO sont filmées, montées et diffusées par OBS (Olympic Broadcasting Services), l’agence média officielle du CIO. Elle gère l’intégralité du flux de production des images des Jeux Olympiques, et revend les images des compétitions aux chaînes de télévision du monde entier. Au Bourget, le QG de cette immense organisation, l’International Brodcaster Center (EBC), s’étend sur 40 000 m2.
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Pour gérer un tel flux d’images en temps réel, OBS a noué il y a 5 ans un partenariat avec Alibaba Cloud – la branche du groupe chinois dédiée au Cloud computing. C’est ainsi qu’est né OBS Cloud. Aujourd’hui en version 3.0, ce système combine « des technologies cloud optimisées par l’IA » pour une diffusion plus rapide des images aux diffuseurs.
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Pour l’édition 2024 des JO, ce sont plus de 11 000 heures de contenu qui seront produites (soit 15 % de plus que lors des JO de Tokyo 2020). À ce titre, on notera que les Jeux de Paris sont les premiers où le flux est envoyé aux diffuseurs via le Cloud – et non plus seulement par satellite.
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