Des chercheurs de l’Université de Chicago ont mis au point Glaze, un logiciel capable de brouiller la lisibilité des images sur le web pour les algorithmes de machine learning – un moyen, selon ses auteurs, de protéger vos clichés afin que l’IA ne puisse pas apprendre à reproduire votre style photographique.
Un outil pour « protéger » le style artistique face aux IA ?
Les IA génératives telles que Midjourney ou Stable Diffusion créent leurs images en s’entraînant à partir d’une base de données conséquente, constituée de millions d’images, de vidéos ou de textes, récupérés entre autre sur le web. Pour le moment encore non soumises au droit d’auteur, ces IA peuvent ainsi très largement s’inspirer d’œuvres ou de styles artistiques trouvés sur le web, et créer des images parfois très similaires à des œuvres normalement protégées.


Jusqu’ici, pour protéger leurs œuvres, les créateurs visuels comme les photographes n’avaient pas d’autres solutions que de mettre en place un dôme de protection sur leur site web ou attacher des métadonnées à leurs images – deux méthodes faciles à contourner qui ne protègent pas efficacement contre l’utilisation non autorisées de leurs photos.
Brouiller les pistes pour les modèles d’apprentissage automatique
Un groupe de chercheurs de l’Université de Chicago s’intéressant à la défense des utilisateurs du web face aux progrès du machine learning a donc réfléchi à un moyen pour les créateurs de se protéger de ces intelligences artificielles.


Conçu en collaboration avec trois artistes visuels, Karla Ortiz, Lyndsey Gallant et Nathan Fowkes, Glaze a pour objectif d’empêcher que les œuvres visuelles publiées sur Internet puissent être utilisées dans l’entrainement des algorithmes de machine learning, et ainsi éviter que les IA puissent reproduire le style graphique d’un artiste.


Pour cela, Glaze vient modifier la lisibilité de l’image pour les algorithmes utilisés par les IA, en alternant les pixels de façon non visible à l’œil nu. L’algorithme pourra toujours identifier les éléments clés de l’image : un bateau, un arbre, une personne, mais sera incapable d’identifier le style graphique.
Pour les illustrateurs par exemple, l’IA ne pourra plus reproduire la façon de restituer les détails, les palettes de couleurs, les jeux de contrastes et tout ce qui fait le style graphique de l’image – ce qui vaut aussi pour les photographies.
Glaze : encore quelques failles
L’utilisation de Glaze a cependant ses limites. La première, c’est que vous devez faire passer toutes vos photos par le logiciel avant de les poster en ligne. Si vous avez déjà un portfolio publié en ligne ou disséminé sur de nombreux sites, cela risque de rendre la tache complexe.
L’outil génére également du bruit à vos images, ce qui peut altérer la qualité de celles-ci. L’effet est plus visible sur les couleurs désaturées, mais les développpeurs cherchent actuellement des méthodes afin de réduire les conséquences sur l’image. Les créateurs du logiciel affirment d’ailleurs prendre en compte régulièrement les retours des artistes utilisant Glaze afin d’apporter des améliorations en continu.


Malheureusement, l’IA évolue tellement rapidement que les outils comme Glaze seront rapidement obsolètes. Il s’agit cependant d’un premier pas pour soutenir les créateurs visuels en attendant qu’une réglementation juridique soit mise en place. L’Artificial Intelligence Act, supposée règlementer l’intelligence artificielle et ses utilisations, est d’ailleurs actuellement discutée à la Commission européenne.
10 semaines après son lancement, le logiciel avait déjà été téléchargé plus de 720 000 fois. Glaze est téléchargeable gratuitement sur Mac et à partir de Windows 10. Le logiciel n’est cependant pas encore disponible sur smartphone.