Le Prix Caritas Photo Sociale vient d’annoncer le lauréat et les finalistes de sa 4e édition. Anaïs Oudart remporte le Grand Prix pour sa série Héroïnes 17, dans laquelle elle documente les difficultés des femmes issues de l’Aide sociale à l’enfance. Sarah Leduc et Mat Jacob arrive en seconde et troisième place avec leurs séries Ailleurs ici et Thierry et la violence du monde.

Le jury de cette 4e édition était présidé par Claudine Doury, photographe documentaire reconnue, et se composait de professionnels de la photographie et d’experts dans la lutte contre la pauvreté – deux valeurs majeures du Prix. En effet, depuis 2020, le Prix Caritas Photo Sociale récompense et accompagne un travail photographique axé sur la pauvreté, la précarité et l’exclusion en France.
Anaïs Oudart : comment se construire seule, sans argent ni famille
Anaïs Oudart remporte le Grand Prix de cette 4 e édition du Prix Caritas Photo Sociale avec sa série Héroïnes 17, réalisé dans le cadre d’une commande du Ministère de la Culture, intitulée Radioscopie de la France, regards sur un pays traversé par la crise sanitaire« .
Photographe de reportage et de studio, Anaïs Oudart consacre son travail à la représentation des rapports humains, dans toute leur fragilité et leur complexité. À travers ses clichés, elle dénonce les violences tout en rendant hommage à la force des personnes en difficulté ou au parcours de vie complexe. Elle a notamment documenté les violences sexuelles en République Démocratique du Congo ou en Ukraine.
Dans sa série Héroïnes 17, elle aborde la hausse de la précarité chez les jeunes issus des dispositifs de protection de l’enfance, plus particulièrement depuis la crise sanitaire.


Pour la grande majorité des adolescents, l’entrée dans l’âge adulte se situe aux alentours de 23 ans. Mais pour celles et ceux confrontés à des situations familiales chaotiques, la situation est tout autre – les dispositifs de protection de l’enfance cessant d’accompagner les jeunes dès leurs 18 ans et un jour. Une situation complexe – 40 % des SDF de moins de 25 ans étant issus de l’Aide Sociale à l’Enfance – encore accentuée par la crise sanitaire.
Anaïs Oudart a donc décidé de concentrer son travail sur les femmes entre 18 et 25 ans issues des dispositifs de protection de l’enfance. Ses portraits illustrent ainsi la difficulté de se construire seule, sans famille et dans la précarité. Mais également la résilience de ces jeunes filles.

La photographe remporte une dotation de 4 000 € ainsi que l’édition d’un livre monographique consacré à sa série primée. Celui-ci sera édité aux éditions Filigranes et publié en novembre 2023.
Prix Caritas Photo Sociale : les finalistes 2023
Sarah Leduc arrive à la deuxième place de cette 4e édition avec sa série Ailleurs ici où elle documente l’attente des réfugiés en demande d’asile en France. En provenance de Somalie, du Mali, d’Algérie, de Turquie ou encore d’Iran, chacun a fui la misère de leur pays, la dictature, la guerre ou le crime organisé.

Ils sont aujourd’hui dans l’attente d’une décision des services de l’immigration et sont réunis à Lagrasse, en Occitanie, sans aucune perspective d’avenir. « On ne sait pas quand on arrive, on ne sait pas quand on repart », résume Ahmed, 15 ans.

Mat Jacob, lui, arrive deuxième finaliste avec sa série Thierry et la violence du monde. Il y documente le quotidien de Thierry, un sans-domicile-fixe rencontré pendant le confinement.

Le photographe a ainsi pu relever l’indifférence, le rejet, l’empathie et le gêne que rencontrent les sans-abris chaque jour, mais également la réalité du monde de la rue et de la précarité.

Les travaux photographiques d’Anaïs Oudart, de Sarah Leduc et de Mat Jacob seront exposés à la Galerie le Château d’Eau à Toulouse à partir de novembre 2023 puis à la mairie du 10e arrondissement de Paris début d’année 2024.