« Dans le dictionnaire, le mot « échec » signifie « insuccès ». En d’autres termes, tout ce qui se situe entre le flop et la catastrophe. »
Accepter l’échec et le prendre en contre-pied comme vecteur d’une créativité novatrice, c’est ce que nous propose Erik Kessels dans son ouvrage Parfaites imperfections (failed it en anglais), essai sur l’échec en art et la manière dont il faut utiliser et glorifier la rareté plutôt que de s’obstiner à atteindre la perfection.
Présentation du livre
Le titre provocateur de ce livre d’Erik Kessels, Parfaites imperfections : Comment transformer ses erreurs en idées géniales pour se planter en beauté (192p.) aux éditions Phaidon, est une réflexion sur l’échec et comment l’apprivoiser dans l’art pour le transformer en source d’inspiration et de succès.
« Ce livre est dédié à l’art accidentel de l’erreur. Les erreurs nous libèrent. Elles nous permettent de porter un regard différent. Elles nous guident pour résoudre les problèmes. Elles nous permettent d’aller au-delà de la perfection. »
Erik Kessels
L’auteur Erik Kessels est cofondateur de l’agence KesselsKramer présente dans les villes d’Amsterdam, Londres et Los Angeles. Erik Kessels est proche du milieu publicitaire, mais en tant qu’artiste pluridisciplinaire, il dédie une partie de son temps à la photographie, à la fois dans la peau du photographe et du collectionneur. Il a déjà reçu quelques prix notamment celui du créateur le plus influent des Pays-Bas en 2012, pays où il réside.
Format, mise en page, qualité d’impression
Pas besoin de parcourir les premières lignes de l’introduction pour comprendre que ce livre est décalé et déroutant, le visuel s’en charge avec l’inversion de la première et quatrième de couverture qui donne l’impression que le livre se lit de droite à gauche.
Une fois ouvert, l’ouvrage ne traite pas uniquement de la photographie mais intègre les domaines de l’architecture et du design. Le propos d’Erik Kessels se divise en cinq chapitres et de nombreuses sous-parties avec un contenu relatif à la philosophie de l’échec. Le livre est très aéré, chaque thème est introduit par une page unie colorée avec un titre ou une citation et laisse place à une ou deux pages de texte puis viennent les illustrations. Les cinq axes majeurs se démarquent de la présentation initiale avec une écriture blanche sur fond noir.
La réflexion de l’auteur est illustrée de séries de photographies qui donnent l’exemple concret d’artistes qui ont connu l’échec. Rassemblées ainsi par le collectionneur, elles offrent un support à l’analyse pour que l’imperfection et l’imprévu de clichés ratés deviennent des sources d’inspiration, à l’initiative de nouvelles tendances.
Le livre reste cependant un essai illustré dont la photographie n’est finalement pas le sujet principal. Le choix de l’éditeur a été de garder le même papier pour le texte et les photos qui sont par conséquent en résolution faible, comme pour poursuivre jusque dans l’édition la philosophie de l’échec en évitant d’imprimer à la perfection. Le format 120x178mm du livre, avec une couverture rigide en papier hardback, a son avantage : petit, résistant et simple à lire, il se glisse facilement dans un sac pour le consulter et relativiser face à de mauvaises prises de vue.
Synthèse : pourquoi ce livre doit (peut-être) faire partie de votre collection
L’auteur prend à partie le lecteur dans sa réflexion invitant chaque artiste à se différencier plutôt par non-conformisme que dans la reconnaissance d’autrui d’une perfection quasiment atteinte.
« Ce livre est un éloge au courage d’échouer en beauté pour échapper à une assommante conformité. »
Le livre insiste sur la notion de rareté. Avec l’ère du numérique, il est beaucoup plus simple de gommer les imperfections et de supprimer l’échec considéré d’un travail alors que l’argentique permettait d’analyser et d’avancer dans la connaissance et la maitrise de la photo. L’auteur invite le lecteur à conserver ses photos ratées pour les exploiter en vue d’un travail original qui dérange l’idéal de perfection instauré dans la société actuelle.
Cet essai est un guide qui invite amateurs et professionnels à se confronter à l’échec pour en expérimenter la philosophie et intégrer cette nouvelle dimension dans leurs travaux photographiques futurs. Choisir de se tromper et apprécier l’erreur est ce qui rendra vos imperfections parfaites.
L’exposition de Parfaites imperfections est présente aux Rencontres d’Arles du 4 au 25 juillet prochain.