Test Fujinon XF 33 mm f/1,4 R LM WR : un classique Fujifilm réinventé

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En janvier 2012, Fujifilm lançait la monture X. En figure de proue, le Fujifilm X-Pro1, ainsi que 3 objectifs – dont le XF 35 mm f/1,4 R qui allait devenir un pilier de la gamme et un favori des artistes de rue. Dix ans plus tard, nous avons enfin droit à un renouvellement de cette optique, ou presque, puisqu’il s’agit d’un 33 mm f/1,4. Dans le même intervalle, les capteurs de la marque ont progressé de 16 Mpx à 26 Mpx, nécessitant des conceptions optiques plus rigoureuses.

Que représentent ces dix ans de développement optique chez Fujifilm ? Quelles performances pouvons-nous obtenir avec cette focale fixe ? Voici notre test complet du Fujifilm XF 33 mm f/1,4 R LM WR.

Introduction

Pour de nombreux photographes, la focale 50 mm (ou équivalent) est considéré comme l’objectif de base. Petit, léger, abordable et avec une vision proche de l’œil humain, c’est un incontournable pour chaque système.

Dans l’univers Fujifilm, l’équivalent 50 mm était un peu sujet à polémique. D’une part, Fujifilm proposait le XF 35 mm f/1,4 considéré comme le haut de gamme mais dépourvu de tropicalisation et avec un autofocus lent et bruyant. D’autre part, la gamme offrait aussi une alternative plus abordable, ouvrant seulement à f/2 mais tropicalisé et doté d’un autofocus plus moderne.

Il était difficile de choisir l’un sans renoncer à beaucoup des attributs de l’autre. Avec le XF 33 mm f/1,4 R LM WR, Fujifilm met enfin les choses dans l’ordre. Ce nouveau venu qui se positionne comme le nouveau haut de gamme reprend le meilleur des deux mondes… et plus encore.

Outre la promesse de performances optiques en évolution, la principale nouveauté est l’arrivée de la technologie LM (Linear Motor) qui promet un autofocus silencieux et rapide. Fujifilm répond ici à la principale critique faite par la communauté de vidéastes à l’encontre de la première génération d’objectifs XF.

Ce 33 mm est conçu pour être un compagnon du XF 18 mm f/1,4 R LM WR dont il reprend bon nombre d’éléments techniques et esthétiques. À ce propos, une petite contrariété est de voir ces 2 optiques complémentaires, qui partagent quasiment le même encombrement, ne pas partager la même taille de filtre, 58 mm pour le 33 mm contre 62 mm pour le 18 mm. Fujifilm aurait pu avoir une petite attention pour nous faciliter la vie.

Au-delà, la formule optique est le reflet d’une plus grande exigence de la marque. Avec pas moins de 15 éléments répartis en 10 groupes dont 2 lentilles asphériques, le 33 mm s’éloigne considérablement des 8 éléments en 6 groupes de son ainé.

Il est d’ailleurs plus lourd et plus gros que le XF 35 mm f/1,4 R mais sans sortir du raisonnable. Restant bien plus discret et compact que la concurrence qui pour l’instant se résume au plein format, il trouvera aisément sa place dans une poche de manteau.

Comme d’habitude sur ce type de focale, la stabilisation n’est pas au menu. Le diaphragme circulaire à 9 lamelles promet un starburst à 18 branches et des billes de bokeh bien rondes, que l’on peut amplifier en se rapprochant jusqu’à 30 cm de son sujet.

Voici les caractéristiques techniques du XF 33 mm f/1,4 R LM WR :

  • distance focale : 33 mm (équivalent 50 mm en plein format)
  • compatible capteur APS-C
  • ouverture maximum : f/1,4
  • ouverture minimale : f/16
  • construction optique : 15 éléments répartis en 10 groupes dont 2 lentilles asphériques et 3 lentilles ED
  • diaphragme : 9 lamelles, circulaire
  • rapport de grossissement maximal : 0,15x
  • distance de mise au point minimale : 0,3 m
  • diamètre du filtre : 58 mm
  • tropicalisation : oui
  • autofocus : oui, moteur linéaire
  • poids : 360 g
  • stabilisation : non
  • dimensions : 73,5 x 67 mm
  • monture compatible : Fujifilm X
  • accessoires fournis : bouchon arrière, cache objectif, pare soleil

Prise en main

La prise en main est conforme à ce que l’on peut attendre de Fujifilm. Cet objectif ne déroge pas à l’alliance de métal/polycarbonate et reste fidèle à l’ensemble de la gamme. La bague d’ouverture crantée reprend le célèbre bouton de verrouillage pour la position A. Ceci laisse prendre le contrôle de l’ouverture via le boitier. Nous apprécions cette évolution qui selon nous est une réponse crédible au souci récurrent de bagues trop faciles à bouger par inadvertance. On notera quand même qu’en terme de rigidité, cette bague est plus « dure » que celle de l’objectif qu’elle remplace, du moins sur notre exemplaire neuf.

Comme sur le 18 mm, Fujifilm utilise ici la technologie Floating element. En effet, on entend bouger des éléments sur un rail lorsque l’on agite l’objectif avec un boitier éteint. C’est seulement à l’allumage que le mécanisme se met en route et positionne ces derniers comme il se doit. Si ceci peut paraitre effrayant, c’est le prix à payer pour un autofocus aussi efficace. Ce n’est d’ailleurs pas très différent des capteurs des boitiers stabilisés de type Fujifilm X-T4 ou Canon R5 qui sont montés sur des axes mobiles et bougent au moindre mouvement.

Le design de cet objectif minimaliste est réussi, la tropicalisation rassure et le poids de 360 grammes en fait un excellent compagnon de longues sorties sur un X-Pro3 ou X-T4. L’ensemble forme un tandem particulièrement équilibré.

Qualité d’image

Nous avons testé cet objectif sur un Fujifilm X-T3 de 26,2 Mpx. Vous pouvez cliquer sur chaque image pour la voir en meilleure résolution.

XF 33 mm f/1,4 R LM WR – 1/105s – f/2.8 – ISO 160
Ma fi-fille est la plus jolie – XF 33 mm f/1,4 R LM WR – 1/80s – f/1,4 – ISO 640
XF 33 mm f/1,4 R LM WR – 1/25s – f/2.8 – ISO 160
XF 33 mm f/1,4 R LM WR – 1/160s – f/1,4 – ISO 6400

Cette section sera probablement beaucoup plus brève qu’à l’accoutumée car nous avons très peu de reproches à faire à cet objectif. À f/1,4, ça pique très fort (ça vignette fort également). Les coins sont en léger retrait mais eux aussi sont de hautes qualités. Nous n’avons clairement pas cette sensation de devoir à tout prix fermer d’un cran ou 2 pour obtenir un résultat satisfaisant.

XF 33 mm f/1,4 R LM WR – 1/250s – f/1,4 – ISO 1250

À mesure que l’on ferme le bon devient très bon et à f/2.8, f/4 et f/5.6 nous sommes au top. Le choix entre ces ouvertures dépendra de vos desiderata en termes de profondeur de champ – et ne viendront pas d’une crainte de manque de résolution sur les bords.

XF 33 mm f/1,4 R LM WR – 1/80s – f/2.8 – ISO 800
Oui, on peut lire le texte dans le coin – XF 33 mm f/1,4 R LM WR – 1/80s – f/4 – ISO 800
XF 33 mm f/1,4 R LM WR – 1/1500s – f/5.6 – ISO 160

Le bokeh est crémeux en toute circonstance. Il y a une mini manifestation d’« onion ring » mais il faut vraiment chercher pour les apercevoir. Quelle que soit la distance ou la nature de l’arrière-plan, la séparation est qualitative.

XF 33 mm f/1,4 R LM WR – 1/80s – f/2.8 – ISO 160
L’obturateur électronique gâche un peu le bokeh mais c’est le prix d’une ouverture aussi large en milieu de journée. Il faut privilégier un filtre ND – XF 33 mm f/1,4 R LM WR – 1/17000s – f/1,4 – ISO 160

A partir de f/11, la traditionnelle diffraction s’invite et f/16 est selon nous à éviter. Il n’est d’ailleurs pas nécessaire de fermer jusque ces extrémités pour produire un effet starburst. Le XF 33 mm f/1,4 R LM WR partage une conception de diaphragme identique au XF 18 mm f/1,4 R LM WR et avec ces cailloux, on peut avoir un sunburst très défini dès f/5.6. Autre caractéristique qu’ils partagent, la résistance au flaire est sympathique et les rayons du sunburst sont TRES longs. Ça plaira à certains, moins à d’autres, ça ne passera clairement pas inaperçu.

XF 33 mm f/1,4 R LM WR – 1/8500s – f/5.6 – ISO 160
Malgré le pare-soleil, un vilain flare/sunburst s’invite… et il occupe la moitié de l’image. Cela reste rare tout de même – XF 33 mm f/1,4 R LM WR – 1/400s – f/8 – ISO 160

La distorsion parait bien corrigée et les aberrations chromatiques, même si existantes, sont suffisamment faibles pour ne pas avoir à en parler. Fujifilm rend une copie solide. On gagne énormément en sérénité lorsque l’on peut choisir son ouverture uniquement pour des raisons créatives plutôt que pour des considérations de qualité d’image.

Distorsion parfaitement corrigée, vignettage un peu moins – XF 33 mm f/1,4 R LM WR – 1/80s – f/2 – ISO 1250
Les lignes sont bien droites – XF 33 mm f/1,4 R LM WR – 1/80s – f/5.6 – ISO 500

Autofocus

Le moteur linéaire est certainement la grande nouveauté introduite par cet objectif. Pas une nouveauté au sein de la gamme Fujifilm car cette technologie est déjà utilisée sur bon nombre d’optiques mais c’est une nouveauté sur les focales fixes à très grande ouverture. Comparé au XF 35 mm f/1,4 R, nous avons changé d’univers. L’autofocus ici est très vif, très silencieux et beaucoup moins hésitant. Outre son bruit de fonctionnement, le 35 mm donnait le sentiment de fonctionner par palier avant de verrouiller la cible. Ici, la mise au point est quasi instantanée, plus fiable et totalement discrète.

XF 33 mm f/1,4 R LM WR – 1/500s – f/8 – ISO 160

Nous n’avons noté aucune difficulté en usage nocturne ou même en situation de contrejour, c’est une belle performance. Les vidéastes seront certainement ceux qui en bénéficieront le plus car, il devient beaucoup plus facile de suivre un sujet en déplacement sans avoir de pompage. Cerise sur le gâteau : pas de focus breathing.

XF 33 mm f/1,4 R LM WR – 1/250s – f/1,4 – ISO 1000

Le fonctionnement du XF 33 mm f/1,4 R LM WR est conforme à nos attentes et notre expérience avec le 50-140 mm f/2.8 R LM WR ou le 18 mm f/1,4 R LM WR. Il a les mêmes forces et sera soumis aux mêmes limites, celles des boitiers dont les algorithmes de détection et de suivi ne sont pas toujours au top.

A qui s’adresse le Fujifilm XF 33 mm f/1,4 R LM WR ?

Commercialisé à 799 €, ce 33 mm adopte un positionnement premium. Il s’adresse aux portraitistes qui seront ravis par son bokeh. Reporters et photojournalistes bénéficieront d’un autofocus rapide et d’un piqué qui autorisera à redimensionner des images en post-traitement.

Un équivalent 50 mm à grande ouverture est également indispensable à tout photographe évènementiel qui fréquente des salles de spectacle ou églises à faible éclairage et veut contrôler sa montée en ISO. Les photographes de rue vont peut-être regretter les dimensions plus imposantes que le 35 mm mais ceux pour qui la fiabilité de l’autofocus est un impératif seront content du sacrifice.

Quelles alternatives au XF 33 mm f/1,4 R LM WR ?

L’interrogation naturelle sera de situer ce nouveau 33 mm par rapport à l’ancien XF 35 mm f/1,4 R qui a déjà 10 ans.

Pour un vidéaste, le moteur linéaire et la possibilité qu’il offre de maintenir un suivi fluide de son sujet s’impose aisément face à un autofocus bruyant et patinant. Pour les photographes, notre position est moins tranchée.

Au seul chapitre de la qualité d’image, le nouveau venu est meilleur sur le plan optique… mais décevra probablement ceux qui s’attendaient à voir se matérialiser 10 ans de R&D de façon significative.

Il faut analyser les bords et rester à la pleine ouverture pour voir une bien meilleure performance du 33 mm par rapport au 35 mm. Le nouvel objectif de Fuji est meilleur à f/1,4 à partir de la ligne des tiers et parce que l’autofocus est plus précis, on a moins de déchets lorsque l’on utilise la pleine ouverture.

Il vignette également un peu moins, gère beaucoup mieux les aberrations chromatiques et le flare et affiche un bokeh un peu plus doux. Dans toutes les catégories, le 33 mm est un peu meilleur mais le mot-clé est ici « un peu ». Cette différence est rarement criante et dans la plupart des scénarii, on ne la remarquera pas sur vos images. Ci-dessous, un exemple extrême de gestion du flare, croyez-le ou pas, l’intensité du flash est la même. La perte de contraste est cependant très marqué avec le 35 mm.

Nous provoquons ici des situations extrêmes pour marquer les différences optiques mais comme évoqué plus haut, dans la plupart des cas d’usage, les écarts ne sont pas aussi flagrants. La véritable distinction entre les 2 se fera sur la construction et la facilité d’utilisation. L’un est tropicalisé et l’autre ne l’est pas. L’un est silencieux et l’autre ne l’est pas. L’un peu suivre un sujet en mouvement lorsque l’autre est à la peine. Si nous n’avons aucune intention de faire nos séances photos sous la pluie, les environnements poussiéreux nous rendront moins vulnérables aux infiltrations avec le 33 mm qu’avec le 35 mm. Les enfants qui ne savent pas tenir une pose immobile deviendront plus faciles à capturer également. Gardons à l’esprit que ces évolutions réclament 200 grammes de plus dans votre sac et un surcoût de 40% au passage en caisse.

Test et avis d’un photojournaliste sur le duo Fujifilm X-Pro 2 + Fuji XF 35mm f/2 WR

En restant chez Fujifilm, on pense aussi au XF 35 mm f/2 R WR. Plus petit, plus léger, il est lui aussi très bien construit. Il ne coute que 399 €, est très bon dans le centre mais beaucoup moins piqué sur les bords. C’est une bonne alternative pour ceux qui ne travaillent pas en basse luminosité.

Viltrox offre probablement le meilleur rapport qualité-prix avec son AF 33 mm f/1,4 XF proposé à 274 €. Il a un vrai problème d’aberrations chromatiques mais à ceci près, il offre une très bonne qualité d’image dès qu’on ferme un peu le diaphragme. Son autofocus est lui aussi très bon en comparaison à l’ancien XF 35 mm f/1,4 R.

Test Laowa Argus CF 33 mm f/0,95 APO : un cocktail particulier

Enfin, à cette même focale, Laowa propose l’exotique Argus CF 33 mm f/0,95 APO, roi du bokeh et solution la plus à même de complètement effacer votre arrière-plan. Cette ouverture s’accompagne d’un certain nombre de compromis, comme la mise au point manuelle, un flare assez proéminent et un encombrement plus important. Pour 629 €, ce n’est assurément pas une solution à destination du grand public.

Conclusion

À l’issue de ce test, nous sommes satisfaits… sans être éblouis. Le XF 33 mm f/1,4 R LM WR est un très bel objectif. Le design et la qualité de construction Fujifilm restent des références. La bague d’ouverture reçoit enfin un bouton de verrouillage et la qualité d’image est suffisante pour toutes les applications professionnelles.

En même temps, cette très belle évolution de l’autofocus ne fait pas oublier qu’à l’heure de l’écriture de ces lignes, Fujifilm reste en retrait sur sa technologie de détection et de suivi si comparé à la concurrence. Si la gestion du flare et l’évolution de piqué à f/1,4 est notable, elles ne sont pas bouleversantes par rapport au modèle précédent et la qualité optique n’atteint pas tout à fait les hauteurs du 18 mm f/1,4 selon nous.

Nous notons également que l’inflation tarifaire chez Fujifilm nous amène de plus en plus souvent en territoire plein format comme le Nikon Z 50 mm f/1.8 ou le Sigma Art 50 mm f/1,4. Il n’en reste pas moins que le XF 33 mm f/1,4 R LM WR peut vivre vissé sur votre boitier et répondre – en silence ! – à tous les cas d’usage que vous pourriez lui imposer… tout en se rangeant dans une poche de manteau. C’est probablement là qu’il reste roi.

Le Fujinon XF 33 mm f/1,4 R LM WR est disponible au tarif de 799 € chez Digit-PhotoMiss NumériqueDigixoPhoto-Univers et à la Fnac.

Test Fujinon XF 33 mm f/1,4 R LM WR : un classique Fujifilm réinventé
Fabrication / Finitions
9
Qualité d'image
8
Ergonomie générale / praticité
8.5
Points forts
Ouverture à f/1.4
Très bon piqué
Belle finition
Tropicalisation
Encombrement et poids contenus
Points faibles
Tarif élevé
L'effet starburst ne plaira pas à tout le monde
8.5
sur 10
Où acheter