Russel A. Kirsch, inventeur du pixel et de la première photographie numérisée

L’informaticien Russel A. Kirsch est décédé le 11 août 2020. Pionnier de l’imagerie numérique, c’est à lui que l’on doit l’invention du pixel et du premier scanner d’image. Petit retour en arrière sur son histoire.

© Walden Kirsch

Russel Kirsch est né le 20 juin 1929 à Manhattan de parents immigrants russe et hongrois. Il fréquente des écoles prestigieuses, telles que le Bronx High School, l’Université de New York, Harvard et finalement le Massachussets Institute of Technology. En 1951, il rejoint le National Bureau of Standards et avec son équipe, il contribue à inventer le pixel et à créer la première photographie numérique.

En 1957, Kirsch développe le premier scanner d’image numérique et réalise les premiers scans numériques. C’est ainsi qu’est née la première photographie numérisée – une photo en noir et blanc de son fils Walden, composée de 176 x 176 pixels dans une zone de 5 x 5 cm – et par défaut, le pixel dont le nom signifie picture element en anglais, soit « élément d’image ».

Cette image emblématique est nommée par le magazine Life comme l’une des « 100 photos qui ont changé le monde » en 2003 en raison de son importance indéniable dans le développement de la photographie numérique.

Même pendant sa retraite, Kirsch n’a cessé d’améliorer son invention. Dans une interview en 2010 pour le magazine Wired, il décrit d’ailleurs ses tentatives pour créer un système qui utilise des pixels de forme variable au lieu de pixels carrés, puisque les pixels utilisés dans nos images sont approximativement rectangulaires ou carrés. Dans cette interview, il déplore d’ailleurs cette décision pour les pixels carrés, qui s’inspire de l’ancienne mosaïque italienne, bien qu’elle ait été la plus logique.

A l’âge de 81 ans, Kirsch commence alors à travailler sur un système de masques de 6 x 6 pixels chacun qu’il cherche à diviser en deux zones qui ont le plus de contraste. Le programme essaie ensuite deux masques différents sur chaque zone – l’un est divisé en deux triangles, l’autre en deux rectangles. Chaque masque est ensuite retourné jusqu’à ce que le programme trouve la configuration qui divise la section de 6 x 6 px en sections avec le plus de  contrastes. Ensuite, des pixels similaires de chaque côté sont fusionnés. L’idée n’a jamais abouti, mais il explique la technologie et ses avantages – moins de pixels, davantage de détails – dans cette vidéo qui débute avec un poème :

À l’heure où les photo numériques fusent plus vite que nos likes sur les réseaux sociaux, il nous semblait important de mettre un visage et un nom sur celui qui a ainsi participé à l’élaboration du pixel, un tout petit élément qui semble anodin et qui compose pourtant aujourd’hui toutes les images numériques que nous regardons.