Revue de livre : « Pourquoi j’aime cette photo : la science de la perception » de Brian Dilg

Après « 3 minutes pour comprendre les 50 techniques et styles majeurs de la photographie », Brian Dilg revient avec un nouveau livre Pourquoi j’aime cette photo ; la science de la perception, publié aux éditions Eyrolles, dans lequel il s’intéresse cette fois à la perception et aux éléments qui font qu’on aime une photographie et qu’elle perdure.

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Si vous luttez contre le GAS (le syndrome d’acquisition de matériel), et désirez vous pencher davantage sur la composition, êtes amateur de photographie, ou recherchez l’inspiration, procurez-vous le livre de Brian Dilg qui nous explique à travers diverses théories pourquoi une photographie nous marque plus qu’une autre et devient pérenne.

À travers son expérience personnelle de dessinateur et photographe, l’avis d’experts, des notions de neuro-sciences et d’histoire de l’art ; Brian Dilg nous initie à la science de la perception. « Pourquoi j’aime cette photo ; la science de la perception » pourrait être ce manuel initiatique de poche auquel on peut se référer par rubrique lorsque l’on recherche des idées de composition.

Le livre, épuré, dont la lecture est facile grâce à la mise en page et au style brut et direct de l’écriture, s’organise autour de trois chapitres. Le photographe nous initie à l’art de voir et de regarder avec des informations sur l’optique, puis à attirer le regard avec les principes de la construction photographique, et enfin à penser et à décoder les photographies qui imprègnent notre inconscient et notre histoire personnelle. Le livre est composé de 160 pages et comprend un index.

L’auteur américain nous accompagne tout au long de l’ouvrage. En se présentant il raconte de manière anecdotique ce déclic qu’il a eu un jour en observant le tableau « Le Chapeau blanc » de Jean-Baptiste Greuze, 1780. À partir de ce moment il a appris à voir le monde sous une nouvelle facette en observant les formes, les couleurs, qui se complétent, s’imbriquent ou au contraire se différencient.

© Le Chapeau blanc, de Jean-Baptiste Greuze

Président du département de photographie de la New York Film Academy et expert certifié de Photoshop, Brian Dilg retouche des photographies pour des entreprises prestigieuses et expose ses oeuvres dans le monde entier.

Prendre une belle image requiert du bon matériel mais il en faut davantage pour véritablement créer une image forte, qui a du sens et une intensité. Comme un carnet de notes, le livre propose à chaque page des images et photographies pour illustrer les paragraphes, des légendes et citations.

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L’auteur donne des exemples à travers ses propres photographies et celles de maitres de la photographie comme Josef Koudelka, Garry Winogrand, Elliott Erwitt, Martin Parr, James Casebere, Paul Caponigro, Elinor Carucci, Steve Mc Curry, Martin Schoeller, Louis Daguerre et bien d’autres. Les photographies sont disséquées, analysées selon les principes de la perception humaine et de notre modèle mental du monde.

À partir de la grammaire visuelle : comment créer une photographie qui soit une oeuvre d’art sur le fond et sur la forme ? Comment créer une image intelligente ?

La perception humaine du monde : données techniques

Dans la première partie de cet ouvrage, Brian Dilg s’intéresse à ce que nous percevons du monde, à travers les stimulus visuels que nous recevons et sélectionnons inconsciemment ou encore notre angle de vision et notre modèle mental du monde. La composition de notre oeil nous permet de voir les déclinaisons de 3 couleurs, contrairement au papillon qui en voit 5 et la crevette-mante qui en voit 16, selon les exemples donnés par l’auteur.

Il compare à travers 14 parties (chacune tenant sur une double page, parfois 2), le fonctionnement de la vision humaine et l’image qu’un appareil photo est capable de rendre. Si la technique a ses limites, les restrictions de l’appareil photo peuvent être un cadre fondamental pour l’acte créateur ; mais elle peut dans certains cas surpasser l’oeil humain lorsqu’il s’agit de capturer des détails que notre vision n’a pas la capacité de voir en raison du fonctionnement de la vision humaine (qui est détaillée dans le livre).

Ce premier chapitre s’intéresse à toutes les données techniques de la photo et de la vision humaine comme « le modèle mental », « la vision dynamique et le cadre statique », « la focale et le grossissement », « la mise au point », « la profondeur de champ », « l’exposition », « la plage dynamique », « la perception des couleurs », « le temps et le mouvement ». Elle est ponctuée de paroles d’experts, avec l’intervention du Dr Martin Rolfs, spécialiste de la vision et de Donald Hoffman, chercheur en neurosciences cognitives.

Créer des photographies qui retiennent l’attention

Nous ne percevons pas tous le monde de la même manière, Brian Dilg s’intéresse à ce qui retient notre attention, en fonction de la programmation de notre cerveau, que ce soit le fruit de stimulus sensoriels externes ou d’idées présentes dans notre esprit.

Alors que seulement « 0,0003 à 0,0004% de tous les stimulus sensoriels atteignent notre conscience« , comme le rappelle l’auteur, et que chacun a ses propres perceptions ; le 2ème chapitre a pour ambition d’expliquer à travers diverses notions comment attirer le regard du spectateur. En analysant ce que nous percevons d’une image et du monde, Brian Dilg répond à la question « Par quoi l’attention visuelle est-elle suscitée ? ». Il revient sur la luminosité et le contraste, le cadre tonal, notre sensibilité à la couleur, les motifs, et les effets qu’un photographe peut produire en connaissant les attentes du spectateur. Il analyse dans cette partie les oeuvres de maîtres de la photographie dans la compréhension du spectateur pour mieux questionner, proposer une expérience ou défier ses attentes.

Comment la couleur, la luminosité et le mouvement sont perçus par le cerveau humain et comment s’en servir pour donner plus d’intensité et d’intérêt à une photo. Comment le temps se définit à travers une photographie, comment une photographie peut raconter une histoire grâce à la déduction. Autant de notions propres au médium photo que Brian Dilg souligne et met en parallèles dans ce deuxième chapitre. Il introduit l’avis du Dr Jay Friedenberg, psychologue.

Prendre une photographie pour un spectateur, c’est connaître ses attentes pour mieux les déjouer, car Brian Dilg nous assure avec exemples à l’appui, que les photographies demandant un effort de réflexion, où le travail n’est pas « pré-mâché » par le photographe, sont celles dont on se souvient.

L’interprétation des photographies : amener du sens

Une photographie, c’est finalement un espace que le photographe nous permet de voir dans une scène. L’interprétation d’une photographie est la combinaison de l’expérience personnelle du photographe et de celle du spectateur.

« Nos suppositions sont souvent fausses car nous avons tendance à penser que tout le monde pense comme nous. Regarder des photos et apprendre qu’il existe des façons très différentes de voir le monde peut enrichir nos vies en élargissant nos perspectives. »

Que ce soit prendre des photos surprenantes, faire réfléchir le spectateur ou encore révéler des expériences, chaque photographe a une raison de publier une photo. Comment élargir l’impact d’une image, qu’est-ce qui donne du sens à une photographie ?

De la photographie qui porte un message pour communiquer une idée ou une opinion sur le monde, à celle qui partage une expérience, en passant par celles qui troublent nos sens et perceptions, Brian Dilg analyse les principes qui rendent une expérience photographique intéressante pour le spectateur à travers 16 parties comme « la théorie de l’esprit », « l’omission et l’imagination », « le choc du familier », « les propriétés viscérales », « le temps », « la lumière en tant que signifiant », etc. Il introduit les témoignages des experts Julie Grahame, conservatrice et Marc Prüst, consultant en photographie et conservateur.

Un livre qui nous dévoile la puissance des images

Le livre Pourquoi j’aime cette photo : la science de la perception donne des pistes sur ce qui constitue la complexité de la création d’une image. À travers le prisme de la perception cognitive et visuelle humaine, Brian Dilg soulève des questionnements sur la puissance et la beauté des images, en extirpant des notions et principes qui font les grandes photographies.

Le livre est abordable pour les débutants et détaille les principes et techniques que les maitres de la photographie ont intégrés et appliquent naturellement. Nous vous recommandons ce livre qui adopte un angle intéressant autour du sens de la photo et sur le fonctionnement de la perception humaine à travers ce medium.

Pour vous procurer le livre rendez-vous sur le site des éditions Eyrolles ou sur Amazon.fr.

Pour découvrir les photographies qui ont marqué la conscience collective, rendez-vous dans notre rubrique « Le Dessous des Images ».

Contenu du livre
7
Mise en page et impression
7
Rapport qualité/prix
8
7.3