Reportage photo : Tchernobyl, 25 ans plus tard, par Stéphane Solida

Aujourd’hui sur Phototrend, nous avons le plaisir de présenter le reportage photo de Stéphane Solida, un Français qui a récemment fait un voyage en Ukraine et qui s’est rendu à l’intérieur de la zone d’exclusion de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Il y a réalisé un reportage sur la ville abandonnée de Prypiat et souhaitait partager avec nous son reportage pour sensibiliser les gens aux questions du nucléaire, sujet toujours d’actualité aujourd’hui avec l’incident de Fukushima. La parole est à Stéphane :

Peu de temps après minuit, le 26 Avril 1986, survenait dans un réacteur de la centrale ukrainienne de Tchernobyl, un terrible accident nucléaire. Cette catastrophe est survenu lors d’un essai de sécurité mal conduit, sur la tranche la plus récente du complexe électronucléaire situé à un peu plus de cent kilomètres au nord de Kiev.

Pour les habitants de Pripyat, ville située à 3km de la centrale, ce n’est qu’une journée banale. Les enfants sont à l’école, les gens sont insouciants, on se pépare même à l’inauguration de la fête foraine alors que le taux de radiation est de 100 000 fois supérieur à la normale. Au soir de la catastrophe, le niveau d’irradiation à Prypiat, où vivaient les familles des exploitants, n’était pas encore connu ni donc considéré alarmant.

Les autorités ne prirent conscience de la gravité de la situation qu’après l’arrivée d’une délégation venant de Moscou. La décision d’évacuer fut alors prise et durant la nuit des mesures furent adoptées pour disposer le lendemain de 1 200 cars. Ce n’est donc que le lendemain, que l’on ordonna à ses 50 000 habitants d’évacuer la ville de Prypiat. C’est ainsi dans la confusion et avec la promesses et l’illusion d’y retourner quelques jours plus tard que les habitants quittèrent leur ville.

Les évacuations touchent au total environ 250 000 personnes de Biélorussie, de Russie et d’Ukraine. Au péril de leurs vie, des centaines de milliers de liquidateurs que l’on tend à oublier aujourd’hui, venaient de toute l’union soviétique pour combattre l’invisible catastrophe et confiner le réacteur en feu. Certains encore y travaillent aujourd’hui pour sécuriser et surveiller la centrale.

Prypiat, celle qui était un modèle architectural, une cité morderne, batit sur les idéaux d’un monde meilleur, demeure aujourd’hui un lieu de mort. Cette zone interdite, ville fantôme aux allures soviétiques, semble aujourd’hui se cacher derrière une végetation qui semble reprendre ce qu’on lui a volé. Le silence inquiétant de ses écoles, le long de ses avenues devenus chemins, nous rappelle qu’ici seule la nature peut être témoin du temps qui passe.

Le ressenti de Stéphane lors de son reportage photo à Tchernobyl

Entrer dans cette zone interdite de Tchernobyl est une chose que je voulais bizarement faire depuis pas mal de temps. C’est peut-être ma curiosité, cette envie de voir, ce besoin de compassion qui m’ont poussés dans ce voyage. D’une autre façon aussi, peut-être aurai-je voulu me pérsuader du confort que j’ai chez moi en France ?

C’est avec un sentiment de mélancolie et sous le bruit du verre qui casse sous mes pas hésitants que je traversais ainsi ces écoles abandonnées de Prypiat. De salle en salle je m’imaginais ces enfants courir et crier dans les couloirs, je n’ai cessé de penser à eux, ceux à qui appartiennent ces jouets, ces poupées, ces cahiers, que l’on piétine désormais sur le sol.

C’est toujours drôle de ressentir ce sentiment de nostalgie pour un passé que j’ai eu la chance de ne pas connaitre. Qui pourra me dire si tous vont bien aujourd’hui ? Si tous eurent cette chance de vivre encore jusqu’à présent…Qu’en est-il aussi de ces héros ? ces 650 000 liquidateurs…

Japon, 11 Mars 2011…un séisme frappe Fukushima et cause l’arrêt des systèmes de refroidissement de secours des réacteurs nucléaires. Le défaut de refroidissement induit à son tour des fusions de cœur dans trois réacteurs. L’accident est classé au niveau 7 ce qui le place au même degré de gravité que la catastrophe de Tchernobyl. L’histoire semble se répéter…la suite…on la devine.

Merci Stéphane pour ce reportage photo qui nous donne une vision de Tchernobyl, 25 ans plus tard, mais où le temps a l’air pourtant suspendu. Voici d’autres photos dans la suite de l’article, et retrouvez le travail de Stéphane sur sa galerie Flickr.

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